L’enfance, il vaudrait mieux la glisser dans une malle-poste, l’adresser loin, à mille miles de toute terre habitée – le désert n’est-il pas le refuge d’un fameux petit prince ? – et regarder vers l’avenir. Mais alors elle s’invite, un fauve à la croisée d’un bois qui n’a plus qu’une idée : vous dévorer. Plutôt que la fuir, il vaut mieux la regarder. Philippe Comar, à sa manière, est un explorateur. Une lanterne de mots dans le cœur, il propose : Un cri derrière la porte. « Je n’ignore pas que mes souvenirs s’altèrent avec le temps, qu’ils perdent de leur éclat, endurent mes retouches, subissent mes repentirs, que leur lente métamorphose magnifie ou déprécie l’événement originel pour refléter de plus en plus mes curiosités du moment.» Voilà le décor, au sein duquel terreurs de la nuit, vêtements bien rangés, soldats de plomb, menaces de la folie familiale, s’entrechoquent. Il s’agit bien de cela dans ce livre : du dialogue entre la réalité vécue, les événements qu’au fil de ses années Philippe Comar a traversés (mais qu’il a, sagesse bienvenue, laissé dormir un peu dans sa mémoire) et l’imaginaire, autrement dit la représentation qu’il se fait du monde, l’immense territoire de ses sensations.
« Les musées sont mes albums de famille », observe-t-il au […]