Un magnifique film d’une grande beauté et plein de profondeur à surtout ne pas rater.

Misako aime décrire les objets, les sentiments et le monde qui l’entoure. Son métier d’audiodescriptrice de films, c’est toute sa vie. Lors d’une projection de travail avec un panel de mal-voyants, elle rencontre un célèbre photographe dont la vue se détériore irrémédiablement. Naissent alors des sentiments forts entre un homme qui perd la lumière et une femme qui la poursuit.

Si la célèbre phrase de St Exupéry « On ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour les yeux » peut faire admirablement écho à ce qui nous est proposé dans ce Vers la lumière, une autre phrase ressort avec une certaine majesté de ce film : « Rien n’est plus beau que ce que l’on a sous les yeux et qui s’apprête à disparaître ». C’est bien ce que ressent ce photographe renommé en train de voir sa vie se plonger dans l’obscurité. Lui, cet expert et amoureux de la lumière, s’enfonce dans le noir et voit le sens de sa vie lui échapper. Et c’est là qu’il croise le chemin de cette jeune et jolie Misako qui cherche de tout son cœur à dire ce qui est invisible pour d’autre au travers de son métier. Une femme pleine de bienveillance et d’empathie mais parfois maladroite qui, dans le même temps, voit sa vie marquée à la fois par l’absence d’un père aimé dont seul quelques souvenirs restent mais aussi par la maladie en train d’attaquer sa mère vieillissante.

L’audiodescription, le métier de Misako, est peut-être là montré de la sorte pour la première fois au cinéma, et la cécité grandissante de Masaya, offrent à la réalisatrice japonaise un terrain propice pour construire un petit chef d’œuvre tout en contrastes, d’une justesse incroyable et tellement émouvant. On pendra aussi du plaisir à voir aborder la photographie et le cinéma comme de vraies thématiques à part entière, et cela, avec amour et originalité. Nous avons même le droit à une forme d’explication de ce que devrait être une analyse filmique lors d’une séance de travail avec les aveugles pour tester l’audiodescription de Misako. De même, l’utilisation d’un film dans le film donne une vraie valeur ajoutée, apportant la force d’un symbolisme supplémentaire à l’histoire, autour de la question de la perception du réel et du pouvoir de l’image.

À mon goût, tout est quasi parfait ici, de la photo, qui joue évidemment un rôle fondamental au vu du sujet, à la musique d’une délicatesse délicieuse signée par le grand Ibrahim Maalouf. Mais aussi en passant par la maitrise des acteurs, la qualité du scénario et jusqu’au aspects plus techniques comme le montage.

On peut voir Vers la lumière comme un hymne à la lumière, à l’amour, à la vie… Des valeurs essentielles qui résonnent avec une dimension de foi et qui ont sans aucun doute participé au choix du Jury œcuménique lors du dernier Festival de Cannes. Ce Jury avait relevé dans son argumentaire qui accompagnait la remise du prix, que ce film de grande qualité artistique nous invite par sa poésie à regarder et écouter plus attentivement le monde qui nous entoure, nous encourageant au dialogue et à l’accueil de l’autre. Hikari, titre original de Vers la lumière, nous parle de responsabilité, de résilience, d’espoir, de la possibilité, même pour ceux qui sont dans l’obscurité, d’apercevoir la lumière.

Des points d’ailleurs qui étaient présents d’une autre façon dans le précédent film de Naomie Kawase, Les délices de Tokyo, qui déjà en 2015 avait su me séduire et me toucher au cœur.

Je conclurai avec les mots justement de cette grande jeune réalisatrice : « Sans lumière, pas de couleurs. Sans lumière, pas d’images. Sans lumière, impossible de réaliser un film. On pourrait dire que le cinéma est lumière. » Alors que la lumière soit !