René Girard est comme un grand horloger. Tout dépend de savoir lire l’heure tous fuseaux rapprochés sans perdre de vue le ressort qui donne à son œuvre une force décisive. Le repérage de la violence mimétique, du sacré et de ses éclipses ouvre à de multiples relectures de la littérature. Depuis les textes bibliques, jusqu’à Shakespeare, Molière, Stendhal, Proust, Sartre, Genet, Artaud, Camus… les investigations de René Girard relèvent les jeux et artifices des comportements mimétiques, ou plus exactement les stratégies du désir d’imitation aboutissent au conflit. Ces analyses contredisent quelque peu les théories de Freud.
Dans ces interviews de très grande clarté, le thème de la victime émissaire est récurrent. Job, par exemple, n’est pas à lire en prenant les deux chapitres du commencement et de la fin pour le prologue d’un même auteur. Alors, Job n’est pas sous le coup d’une condamnation divine mais il est victime d’un peuple qu’il a opprimé, tout comme nos modernes dictateurs. Girard, catholique, fait cependant une lecture non sacrificielle de la Bible : « Il y a un accent protestant extraordinaire dans les épîtres de Paul aux Romains, aux Galates, extrêmement […]