Nous ne reviendrons pas sur la vie et l’œuvre de cet historien résistant, assassiné par la Gestapo en juin 1944, mais on ne peut qu’apprécier sa vision de l’histoire et ses liens avec l’actualité : « L’incompréhension du présent naît fatalement de l’ignorance du passé. Mais il n’est peut-être pas moins vain de s’épuiser à comprendre le passé, si l’on ne sait rien du présent ». Sa quête de la vérité, sa dénonciation des « fausses nouvelles » et de leur acceptation et propagation restent aujourd’hui encore des guides pour tous ceux que l’histoire (et la compréhension de l’actualité) intéresse.
À la faculté de Montpellier où il a été nommé malgré l’hostilité du doyen, Marc Bloch participe aux Cahiers politiques, une revue clandestine du Comité général d’études (CGE), un groupe d’experts mis en place par Jean Moulin en 1942. Le CGE est dirigé par deux jeunes collègues, René Courtin et Pierre-Henri Teitgen.
René Courtin, ami de Claude Lévi-Strauss et professeur d’économie à Montpellier, a refusé de prêter serment au maréchal Pétain. Il a été aussitôt révoqué. C’est un intellectuel protestant drômois entré dès 1940 dans la Résistance ; il devient, deux ans plus tard, le chef du mouvement Combat pour la région de Montpellier. C’est aussi l’un des rédacteurs des célèbres thèses de Pomeyrol. Sa femme, Simone Coursange, cacha dans leur maison familiale près de Die, Suzette, la fille de Marc Bloch. Elle cacha aussi les parents de Claude Levi-Strauss.
Avec l’entrée au Panthéon de Marc Bloch, c’est donc aussi un peu de la résistance protestante qui est reconnue.
Eric Peyrard, éditeur, pour « L’œil de Réforme »