Pourtant, de ses mains délicates naissent des bracelets, des tours de cou… et d’extravagantes croix huguenotes.
Marion Jouve fait des bijoux depuis qu’elle est toute petite. Le bac en poche, elle cherche un métier « dans lequel elle s’éclate ». Ses parents protestants, très engagés dans leur paroisse, ne lui délivrent qu’un seul conseil : « tu fais ce que tu veux, mais tu entres par la grande porte ». Pour Marion, ce sera d’abord un CAP Arts du Bijou et du Joyau. Puis, encouragée par ses professeurs, elle intègre une école de design de Mode à Paris pour approfondir sa créativité. Elle y développe sa vision du Beau : un équilibre entre épuré et détails travaillés, des lignes simples… À travers sa démarche elle cherche à obtenir un aspect précieux avec des matériaux qui ne le sont pas. Dans ses bijoux, la beauté naît de la couleur, des lignes et de la lumière, qui provoquent une émotion.
Sa mère lui demande un jour de lui faire une croix huguenote à partir de ses matériaux de prédilection. Après plusieurs essais, un premier modèle voit le jour : il mêle plexiglas, cuir et cabochons. Un mélange décalé de tradition et de fantaisie !
« J’ai choisi un modèle volontairement épuré, pour ne pas faire penser aux croix chargées d’or et de pierreries des ecclésiastiques moyenâgeux ». Ce bijou voyant, pour une religion qui se veut discrète, porte sa vision de la foi et s’ancre dans ses racines protestantes : « Pour moi l’Eglise doit transmettre une énergie aux gens. On doit ressortir du culte en ayant la patate ! Au-delà d’être un bel objet, un bijou porte une dimension spirituelle, il doit nourrir celui qui le porte. Cette croix est une manière de revendiquer certains aspects du protestantisme, comme l’entraide, la confiance, l’espérance et la priorité donnée à l’humain ».
En tant que créatrice, Marion Jouve ne veut pas céder aux sirènes de la mode en multipliant les collections, dans une frénésie de consommation, perdant ainsi tout dimension artistique. Son travail est artisanal et chacun de ses bijoux porte sa patte. Chaque pièce est faite à la main, portée par l’attention de la créatrice : « Le travail fait main permet de donner une âme au bijou, de lui conférer son caractère unique. Je ne veux pas faire ce métier n’importe comment, ni à n’importe quel prix ».
La croix huguenote, qui s’inscrit depuis sa création au cou des femmes protestantes, a trouvé là une jeune ambassadrice très convaincante. Chacune peut désormais créer son propre modèle à partir du design de base, en choisissant la couleur du plexiglas, du cuir, des pierres et du métal. Les variations étant presque infinies, il n’est pas interdit de se faire conseiller !