Historien des mentalités religieuses et du christianisme entre Renaissance et époque moderne, doté d’une immense culture, d’un sens hors pair du temps et d’une fibre anthropologique prononcée, jamais pédant, toujours bienveillant, il nous a laissé une oeuvre immense, scandée par des honneurs ô combien mérités (académicien en 1989).

Historien de la peur et du pardon, du paradis et de l’enfer, particulièrement attentif aux imaginaires millénaristes et aux utopies prophétiques, il aimait placer ses lunettes d’observation du côté des fidèles, dans leur empirie, leurs turpitudes, leurs pratiques et leurs espoirs, plutôt que du côté des institutions et des textes normatifs (dont il n’ignorait cependant pas l’importance).

C’est sous cet angle que les diverses manifestations des protestantismes, particulièrement sous leur forme prophétique ou anabaptiste, suscitaient sa vive curiosité intellectuelle, quand bien même il ne se prétendait pas du tout spécialiste de la Réforme. Parmi ses nombreux livres, je retiendrai particulièrement un essai roboratif, souvent peu cité car intellectuellement subversif, intitulé Le christianisme va-t-il mourir (1977).

Il s’y montre notamment très critique vis-à-vis de la notion de « chrétienté » (fantasme récurrent aujourd’hui de certains militants identitaires), affirmant notamment: […]