La mémoire de Michel Bampély est une pierre dure. Il se souvient de ses 21 ans, déambulant dans les couloirs spacieux de la major compagnie BMG Music Publishing, pour remettre au directeur artistique son tout premier contrat de cession d’édition musicale. La maison de disque lançait alors le groupe Sweetness Gospel, une formation musicale issue des Églises adventistes, qui se produisait alors en première partie de Pascal Obispo, Julien Clerc, Liane Foly, Pow Wow, Patrick Bruel, Mariah Carey, et qui connut la consécration lors de la première partie de Michael Jackson à Lausanne. L’objectif du groupe était clair, Bampély provenant également d’un milieu chrétien protestant, devait écrire des paroles destinées au grand public, sans pour autant compromettre leur foi chrétienne, à laquelle chaque membre restait fermement attaché. Mais la pression commerciale, pesant sur les épaules des jeunes chanteurs, a eu raison de la toute jeune formation. « Le groupe se sépara, car l’industrie musicale et sa recherche de rentabilité immédiate peuvent être de formidables machines à broyer les rapports humains, raconte Michel Bampély. Mes paroles intéressaient surtout Piero Battery, le plus jeune membre du groupe Sweetness, qui préparait sa carrière solo et avait pour dessein de monter un label consacré aux musiques sacrées, notamment au gospel urbain et contemporain, explique le parolier. Ce fut pour moi le véritable commencement ».

Michel Bampély forma dans les années 90-2000, en parallèle de sa carrière de chansonnier, La Troupe, un groupe de hip hop alternatif signé chez Scorpio Music / Universal Music France. Il prit ensuite sa casquette de producteur indépendant et lança le chanteur Carry Yank, un gospel urbain et juvénile, teinté de musiques soul et R’n’B, en distribution chez Séphora Music. Bampély participa en tant qu’auteur « de paroles d’évangile », aux productions musicales du label Battery Sound fondé par Piero Battery, avant que ce dernier ne prenne de 2015 à 2018 la tête de la chaîne TV Trace Gospel.

Après avoir cosigné le titre « Demain t’appartient » du chanteur de reggae Alpha Blondy, Michel Bampély s’installe en 2008 au Mans et se consacre aux ateliers d’écriture et à la pratique du slam de poésie. « J’ai mené des ateliers auprès de la jeunesse en véhiculant des valeurs républicaines. Ces principes n’entraient pas en contradiction avec l’enseignement biblique que j’avais reçu ni avec mes engagements dans la musique gospel, poursuit-il. Je n’avais pas de compromis à faire avec la foi. » En 2013, il fait la rencontre du sociologue de la culture Jean-Louis Fabiani qui décide de diriger à l’EHESS, sa thèse de doctorat consacrée à l’histoire sociale et politiques de la culture hip hop en France. « Ma recherche présente une analyse sur les mécanismes de pouvoir et de domination au sein de la culture hip hop et des cultures urbaines, les relations complexes, les jeux de dupe parfois qu’entretiennent d’abord les acteurs culturels entre eux, puis avec les organisations qui les encadrent » ajoute-il, avant de conclure l’entretien. En s’inspirant du livre de l’Écclésiaste, il confie que « sa douleur a augmenté en même temps que sa connaissance ».

Bio express :

  • 1974 : Naissance à Kiev en Ukraine
  • 1996 : Auteur chez BMG Music Publishing, il débute sa carrière dans la musique
  • 1999-2004 : Il fonde son groupe de hip hop, La Troupe (Scorpio Music / Universal Music France)
  • 2005 : Il poursuit jusqu’à aujourd’hui une carrière d’auteur dans la musique gospel et les musiques actuelles.
  • 2007 : Alpha Blondy fait son retour avec l’album Jah Victory. Michel Bampély co-signe avec Lester Bilal son single « Demain t’appartient »
  • 2009-2010 : Il prend le pseudonyme de Saint-Michel et termine second lauréat puis prix du public de slam poésie du festival Le Mans Cité Chanson
  • 2011 : Sortie de son EP « Je crois » (Urban Music Tour / Believe Digital)
  • 2013 : Diplômé d’un master 2 en conduite de projets culturels à l’université Paris Ouest Nanterre
  • 2014-2019 : Préparation d’une thèse de doctorat en sociologie de la culture à l’EHESS, sous la direction de Jean-Louis Fabiani

Ses coups de cœur :

Le livre « Discours sur les réveils religieux : la prière de la foi », de Charles Finney

Cet auteur m’a beaucoup impressionné par sa pratique religieuse extrêmement rigoureuse. Finney donnait les clés de la véritable prière et de la consécration, difficilement atteignable pour des individus évoluant dans des sociétés industrielles de consommation. Ces livres sont anciens mais le discours qu’il déploie reste évidemment toujours d’actualité. 

Le Patriarche du groupe Leader Vocal

C’est selon moi l’un des projets le plus abouti que j’ai entendu au niveau du gospel francophone et urbain. Les textes sont d’une précision remarquable, le travail sonore et visuel du Patriarche est percutant. En France, la musique gospel est un micromarché, ce qui rend difficilement viable sur le plan économique, la carrière des artistes. Le succès des projets comme Les Prêtres ou de la nonne italienne Christina Scuccia restent des épiphénomènes dans l’industrie musicale européenne.

Ses paroles : 

Vers l’Eternel

Essaye encore
Il n’est pas loin
Poursuis l’effort
Jusqu’au matin

Tes larmes pleines
Ton moindre appel
S’en iront sans peine
Vers l’Eternel
S’en iront vers l’Eternel…

Brille comme l’étoile
Bénis et crois
Même quand ça fait mal
Car c’est la loi

Prie pour l’impie
Pour l’infidèle
Pour ceux qui oublient
Dit l’Eternel

Prie comme te dit l’Eternel…
Brille comme l’étoile
Bénis et crois
Même quand ça fait mal
Car c’est la loi

Vole et étends tes ailes
A travers ciel
La route ascensionnelle
Vers l’Eternel

Michel Bampély, Vers l’Eternel (1998)