Le texte avant tout. Natte et barbiche, bardé de badges et de sourires, Charlélie Couture, au début des années quatre-vingt, semblait venir de Mars. Mais c’est par les mots, plus que par son allure, qu’il occupait l’espace. À mi-chemin de la fable et du tableau, ses chansons proposaient des rencontres improbables, éclairées par un esprit taquin mais sensible. Un vieux Polonais cherchant une mine d’or pas très loin d’Avignon, le lendemain d’une fête, un légionnaire dans une bergerie, tout paraissait neuf, inédit. Charlélie Couture n’a pas changé, bien qu’il ait mûri. Le voici qui publie son vingt-sixième disque. Réforme ne pouvait le manquer.
Le titre de ce nouvel opus, Contre toi, rappelle ce que disait Guitry au sujet des femmes – « Je suis tout contre elles » – et cependant comporte une certaine ambiguïté, la relation d’amour pouvant causer des souffrances. « En concevant le disque, j’avais l’intention de suivre une histoire sentimentale, au point de vouloir lui donner pour titre Les Quatre Saisons de l’amour, explique l’artiste. Il ne s’agissait pas pour moi de verser dans la romance, mais d’aborder la précarité de l’existence, la fragilité de nos émotions. La personne amoureuse est bien optimiste – elle aurait tort de ne pas l’être – mais son élan ne lui donne qu’une vision superficielle de ce qu’elle va vivre : les rapports de couple à long terme, la compression des rapports au feu de l’habitude. »
L’histoire avant la forme
Charlélie Couture depuis toujours utilise la technique du parlé-chanté, mélange de récit et de mélodie que le compositeur dodécaphoniste Arnold Schoenberg a rendu célèbre et que Marianne Oswald, Léo Ferré, Serge Gainsbourg ont adapté à la chanson. « Je suis un auteur fondamentaliste, estime en souriant Charlélie Couture. À la différence de Gainsbourg […]