Maurizio Pollini, l’un des plus grands pianistes au monde, vient de mourir – quelques jours après le départ d’un virtuose également sublime, Byron Janis. Il n’est jamais facile de définir un style. D’abord parce que chaque artiste possède une part immatérielle, secrète, que l’on perçoit sans toujours l’identifier, ensuite parce que chaque mélomane privilégie, dans ce style même, un aspect qui reflète sa propre sensibilité. Disons que Maurizio Pollini dominait les contraintes de la technique avec une aisance telle qu’Arthur Rubinstein avait dit, lors du concours Chopin dont le jeune pianiste italien était lauréat à 18 ans seulement : « Messieurs, il joue déjà mieux qu’aucun d’entre nous. »
Mais ajoutons qu’il avait su prendre son temps plutôt que de se lancer trop jeune dans le grand bain des concerts. Au mitan des années soixante-dix, il […]