N’attendez pas trop… prend la forme principalement d’un portrait de jeune femme indépendante, aux prises avec une existence qui lui demande une débauche permanente d’énergie à laquelle elle fait face avec courage et sans espoir. Les seules attaches qu’elle se permet sont des parenthèses volées au rythme écrasant qu’exige sa survie. Dans le carrousel impitoyable, filmé en N&B, qui la harcèle du matin à la nuit, ponctué par les interventions de sa hiérarchie exigeante et les incidents du quotidien, s’insèrent des images en couleurs : d’une part, sur TikTok, un avatar bouffon, grossier et provocant, qu’Angela s’est créé pour se défouler ; d’autre part, des extraits d’un vieux film (Angela va de l’avant, de Lucian Bratu, 1981) où son homonyme chauffeure de taxi, elle aussi ballotée dans la ville, sert en quelque sort de témoignage comparatif à travers le temps.

La critique de la vie actuelle, post-communiste et désormais ‘uberisée’, est ainsi confrontée au possible repoussoir que devrait être le rappel de la société sous Ceausescu, justifiant le titre du film. L’intervention d’une dirigeante autrichienne de la compagnie, venue ‘tâter le terrain’, illustre en outre la distance établie entre la réalité vécue par les Roumains et sa perception par les Européens de l’Ouest. Cette critique […]