Ce troisième long-métrage de fiction de l’auteur est une épopée baroque et poétique qui ne fait pas que retracer la guerre menée contre l’occupant portugais, de 1963 à la « révolution des œillets » de 1974. C’est un film choral, une oeuvre hybride dont la texture fantastique entremêle subtilement des images d’archives muettes et fragiles, retrouvées et retravaillées, à l’itinéraire d’un anti héros, Nome, nom de tous ceux qui ont rejoint la guérilla.
Jeune homme indolent dont une très belle scène nous fait découvrir sa complicité amoureuse avec sa cousine Nambu, Nome, fuyant ses responsabilités lorsque celle-ci devient enceinte, s’engage sans conviction politique dans l’armée de libération. En contrepoint onirique, une autre ligne narrative s’intéresse dès la 1ère séquence à un enfant hanté par le fantôme de son père mort qui, tandis que des vautours planent au-dessus de lui, tente de fabriquer un instrument de musique traditionnel taillé dans un tronc d’arbre, le bombolon, qui servait à tromper les colons en masquant les réunions politiques.
Ainsi mêlant les époques, mais aussi les morts et les vivants, le film dépeint-il une société partiellement animiste, avec ses âmes damnées errantes. tandis qu’un Esprit, personnage fantomatique au visage blanc, assiste impuissant au cours des […]