Les véritables histoires d’amour sont finalement assez rares de nos jours sur le grand et le petit écran. S’il y a un couple dans une histoire, il est généralement entouré d’une famille ou plongé ensemble dans une aventure qui devient le cœur véritable du récit. C’est pourquoi Normal People, à voir sur la plateforme de France TV ou, actuellement par série de quatre, les lundis soir sur France 5, est si unique et bienvenue. Non seulement le scénario se concentre entièrement sur leur relation, mais il la rapporte à l’écran avec une étonnante sincérité, nous plongeant délicatement dans leur intimité. La sobriété de l’ensemble renforce certainement sa beauté.
La mini-série se compose de 12 épisodes d’une demi-heure. Chaque épisode est un chapitre dramatique de la relation entre Marianne Sheridan (Daisy Edgar-Jones) et Connell Waldron (Paul Mescal).
Ce qui rend la série si fascinante, c’est qu’elle se concentre entièrement sur eux deux. Il n’y a pas d’intrigues secondaires, juste l’étude de ces deux personnes et de leurs vies complexes. Tous les codes habituels des séries sont même ici malmenés, voire totalement oubliés. Nul besoin de Cliffhanger pour vous donner envie de revenir. Peu d’action globalement, aucun changement de rythmes… l’histoire s’écoule dans la douceur, même quand on se fait du mal, ou quand ils ne se comprennent plus… Car si l’amour est omniprésent entre Connell et Marianne, ces deux jeunes millennials, Normal People raconte pourtant aussi leur capacité extraordinaire à s’infliger des blessures.
La série a fidèlement adapté la prose remarquable de l’irlandaise Sally Rooney, et l’autrice elle-même est d’ailleurs l’un des scénaristes de la mini-série, avec Alice Birch et Mark O’Rowe. Lenny Abrahamson (Room, The Little Stranger) a réalisé les six premiers épisodes, tandis que la non moins talentueuse Hettie McDonald (Beautiful Thing, Doctor Who, Howards End, Fortitude) a dirigé les six derniers. La réalisation touche à la perfection, les dialogues sont d’une incroyable justesse, la photographie de Suzie Lavelle et Kate McCullough est exquise et sophistiquée, la BO est magnifique (et vous fera découvrir d’ailleurs quelques talents de la pop-folk anglo-saxonne) et, par-dessus tout, la performance des interprètes est un pur bonheur : en sommes, tout est réussi dans Normal People.
À propos du duo d’acteurs, il est clair qu’une histoire d’amour, quelle que soit la qualité de l’écriture ou de la production, se résume à la qualité de la relation entre les deux protagonistes, et l’alchimie justement entre Paul Mescal et Daisy Edgar-Jones est tout simplement sublime. Ils sont particulièrement doués pour rendre les petits moments aussi vivants que les grands, comme lorsqu’ils dégustent ensemble des glaces ou se regardent s’endormir dans des décors séparés via leurs ordinateurs portables. On ne peut pas non plus occulter la dizaine de scènes de sexe au fil des douze épisodes, ce qui conduit la série à ne pas être conseillée à un public trop jeune. MAIS, en même temps, rarement le désir, le plaisir et la sexualité n’ont été aussi bien abordés et filmés. Sans doute parce que l’équilibre fragile de ces instants est autant montré que leur beauté. Il y règne un naturel et une tendresse, immensément rares.
En restant au plus proche de son couple, Normal People élimine tout ce qui est superflu. La mini-série nous faire suivre ce couple fascinant dans son extraordinaire voyage vers la découverte de soi, de l’amitié et de l’amour, sans niaiserie et avec une recherche constante d’authenticité. C’est une réussite absolument remarquable !