Nouvelle Vague de Richard Linklater (Before Sunrise, Boyhood, Hitman…), présenté en compétition officielle au Festival de Cannes 2025, est un hommage vibrant à la naissance du mouvement cinématographique éponyme.

Le film se déroule en 1959, alors que Jean-Luc Godard, soutenu par François Truffaut et Claude Chabrol, cherche à financer son premier long métrage. Guillaume Marbeck incarne un Godard plus vrai que nature (même s’il n’y a qu’un JLG… enfin…) à la fois audacieux et incertain, tandis que Zoey Deutch interprète Jean Seberg, apportant une touche de scepticisme face aux méthodes non conventionnelles du réalisateur. Aubry Dullin complète le trio principal en incarnant magistralement Jean-Paul Belmondo. Tourné en noir et blanc, au format 4:3, et entièrement en français, le film adopte une esthétique rétro fidèle à l’époque, tout en intégrant des éléments modernes et beaucoup d’humour. La photographie de David Chambille et les costumes d’Elsa Capus contribuent à recréer l’ambiance des années 60, tandis que la bande sonore jazz évoque l’esprit libre et rebelle de la Nouvelle Vague.

Une exploration des tensions créatives

Plutôt qu’une simple biographie, Nouvelle Vague s’attarde sur les dynamiques humaines et les tensions créatives qui ont marqué le tournage d’À bout de souffle. Le film met en lumière les doutes, les conflits et les moments de camaraderie entre les jeunes cinéastes, illustrant la complexité du processus artistique. Des figures emblématiques de la Nouvelle Vague, telles que François Truffaut, Chabrol, Varda et Coutard, font des apparitions, enrichissant le récit et soulignant l’aspect collaboratif de ce mouvement cinématographique révolutionnaire.

Une fraîcheur contagieuse, entre humour et joie de création

Ce qui frappe avant tout dans Nouvelle Vague, c’est sa fraîcheur désarmante. En dépit de son ancrage historique et cinéphile, le film de Richard Linklater ne tombe jamais dans la reconstitution muséale ou l’hommage figé. Il insuffle au contraire une vitalité lumineuse, presque juvénile, à ses personnages, incarnés avec une sincérité réjouissante. Jean-Luc Godard, dans sa maladresse inventive et son arrogance touchante, devient un héros de comédie malgré lui (et Marbeck se positionne pour le prix d’interprétation). Jean Seberg, fine, drôle et lucide, n’est pas seulement une muse : elle incarne cette lucidité féminine qui traverse les regards masculins de l’époque. Même Belmondo, interprété avec une gouaille assumée, rappelle que le charme français peut être à la fois léger et profondément humain.

L’ensemble donne au film l’allure d’un making-of délicieusement orchestré, comme si le spectateur était invité dans les coulisses d’un moment mythique sans solennité, sans filtre, avec une bienveillance souriante. Il y a un véritable bonheur de spectateur à voir naître une œuvre culte sous nos yeux, non comme une légende sacrée mais comme une aventure collective pleine d’improvisations, de ratés, de clins d’œil et de fous rires. C’est là, peut-être, le cœur du film : nous rappeler que la création, si elle peut être grave et exigeante, est aussi un jeu, un plaisir partagé, un moment de grâce suspendue. Et que dans cette joie de faire, dans ce cinéma artisanal et vivant, on touche à quelque chose d’universel, presque spirituel : la joie d’être là, au bon moment, à la naissance de quelque chose de vrai.

Nouvelle Vague est une œuvre cinématographique qui, tout en rendant hommage à un moment clé de l’histoire du cinéma, offre une réflexion profonde sur la créativité, la collaboration et la quête de sens. Richard Linklater réussit à capturer l’essence d’une époque tout en proposant une narration qui interpelle le spectateur contemporain. La palme d’or sera-t-elle au rendez-vous ?

La sortie en salles est prévue pour le 8 octobre 2025.