Celui que l’on appelle désormais le pape François, mais qui reste chez lui avec ses fidèles argentins padre Jorge ou bien encore pour l’état civil Jorge Mario Bergoglio nous est présenté ici au travers de ses rencontres avec Ana, une journaliste espagnole d’origine argentine qui le suit depuis la période autour du conclave de 2005 où il avait été « évincé » au profit de Benoît XVI. Une véritable amitié se noue entre les deux protagonistes et devient ainsi le fil narratif du film nous permettant ainsi de découvrir ce personnage autrement.

Réaliser un projet cinématographique du vivant d’une personnalité comme celle-là est toujours assez risquée. On craint vite d’assister au panégyrique de l’homme illustre. Et je dois avouer, n’étant de plus pas catholique moi-même, que ce préjugé était un peu là avant que l’écran noir ne s’éclaire lors de cette avant première presse. Mes soupçons parpaillots tombèrent vite pour laisser place à un bon moment à la fois de cinéma mais aussi plus simplement de découverte. Car ce film mêle adroitement la démarche instructive et artistique. On apprend sur l’homme sans excès, sans doute à la mesure de son caractère à la fois plein d’humanité et d’une certaine tendresse mais aussi bien défini dans ses contours, construit dans une éthique qui dessine sa façon d’être et donc aussi ses choix. Un homme qui sait sourire, profiter de la vie, et même séduire. Et ce rendu ne se fait pas au détriment du film en lui-même. Au contraire…

Les acteurs sonnent justes, en particulier le duo formé par les espagnols Dario Grandinetti dans le rôle du padre et face à lui cette Ana jouée par la très belle Silvia Abascal. Deux comédiens qui n’en sont pas à leurs premiers rôles. On a ainsi pu voir récemment Dario dans le magnifique Julieta d’Almodovar ou bien encore dans ce film à sketches assez grinçant Les nouveaux sauvages. Quand à Silvia elle jouait un second rôle dans Truman ou donnait la réplique à Penelope Cruz dans Ma Ma. La réalisation est soignée, de facture classique, assez lente, mais convenant parfaitement aux propos.

On passe donc un très joli moment d’où ressort un fort sentiment de sincérité et, qui plus est, un peu plus instruit sur la connaissance d’un homme qui est train de changer un certain nombre de choses au sein de son Église mais avec des répercussions certaines aussi dans la société plus généralement. Un film à voir donc, que vous soyez croyant ou non, et que vous soyez catholique ou que vous ne le soyez pas…