Jusque-là, le monde de la culture identifiait clairement des formations politiques hostiles : le Rassemblement national menaçant la culture subventionnée à l’exception de la préservation du patrimoine, les Verts hostiles à la culture bourgeoise et élitaire ou les Républicains tendance Laurent Wauquiez vilipendant les « cultureux » de gauche.
L’annonce de 38 % de diminution du budget culture de la région Pays de la Loire ouvre un nouveau front. Christelle Morançais, présidente de la Région, est membre du parti Horizons d’Édouard Philippe, qui affirme vouloir faire de la culture une dimension majeure de son projet présidentiel pour 2027.
Or, la violence de ces coupes budgétaires soulève un inquiétant paradoxe : les grands perdants sont la Folle Journée de Nantes, le festival d’Anjou, les maisons d’opéra, de théâtre et de danse, des institutions dédiées au livre – non la culture « dangereuse » du rap ou de l’avant-garde wokiste, mais les formes artistiques les plus classiques, auxquelles on sait attaché l’électorat d’Horizons.
Les Pays de la Loire ne sont hélas pas seuls sur cette ligne : parmi les quelques régions ayant déjà voté leur budget 2025, la Nouvelle-Aquitaine annonce une baisse de 21,8 % de son budget culture, l’Île-de-France de 20 %, Grand Est de 9,3 %, Sud-PACA de 7,7 %…
Tous les acteurs concernés, des opéras aux festivals, soulignent que les ressources vont immédiatement leur manquer pour la diffusion hors des métropoles, pour les tarifications spéciales en faveur des jeunes et des publics défavorisés, pour le soutien aux esthétiques les moins commerciales… À terme, ces choix réservent aux catégories sociales aisées l’accès aux arts dont ces décideurs politiques affirment qu’ils constituent une part du socle commun de la culture française.
Le point de vue de Bertrand Dicale, journaliste, pour « L’œil de Réforme »