Compte-rendu de Jean-Claude Widmann , paru dans la revue LibreSens n°236 de mars-avril 2018
De cette « petite histoire » je voudrais faire ressortir les principaux aspects d’un thème qui me paraît dominer, celui de la puissance de l’Église.
Au fondement de tout je vois le pouvoir sacerdotal.Comme on sait, la société est coupée en deux, les clercs et les laïcs. Encore du temps de saint Augustin, on célébrait l’eucharistie avec l’idée que la présence du corps du Christ y était symbolique. Mais au IXe siècle tout est changé. Le corps du Christ est supposé réellement présent et c’est lui que le fidèle consomme. Dès lors, la consécration prend un caractère miraculeux, ce qui rend la sacralité du prêtre redoutable. Celui-ci procède à l’opération le dos tourné aux fidèles, se contentant de montrer l’hostie et parlant sans qu’on le comprenne. On est dans le domaine du religieux pur.
En second lieu, l’Église a la maîtrise du pouvoir intellectuel. Seuls les clercs savent lire, écrire, usent de la langue internationale de […]