La nouvelle était restée assez confidentielle jusqu’à présent, et pourtant, elle est de taille. Le Centre Pompidou à Paris, un des plus grands musées d’art moderne et contemporain au monde, va fermer ses portes fin 2025 pendant cinq ans.

La ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, avait annoncé cette information en mai 2023, comme le rapportait alors RTL. La radio précisait que cette fermeture, de 2025 à 2030, devait donner place à des travaux de modernisation et de désamiantage.

Le bâtiment a une architecture emblématique, qui ne passe pas inaperçue dans le quartier parisien des Halles. Mais il a été érigé dans les années 1970, pendant la période où l’amiante était encore roi. Différents repérages ont démontré, au fil des années, que la présence d’amiante dans les éléments de construction entraînait un risque sanitaire pour le personnel et le public, et qu’il fallait y remédier. Cette gigantesque rénovation a toutefois un coût : 262 millions d’euros.

Les inquiétudes des employés

Le déménagement et la fermeture progressive doivent commencer à l’automne 2024. Mais depuis la rentrée 2023, des mouvements de protestation entravent le bon fonctionnement du musée, car plusieurs dispositions suscitent l’inquiétude.

Dimanche 5 novembre, les portes du musée étaient fermées pour la cinquième fois depuis le début d’une grève, démarrée lundi 16 octobre. Les agents du Centre Pompidou réclament des garanties écrites sur leur avenir à la fermeture du site, comme l’explique Le Monde, et notamment les plus précaires.

Le personnel de la Bibliothèque publique d’information, abritée par le Centre, sera bien réintégré dans le bâtiment Lumière, dans le 12e arrondissement, à proximité de Bercy Village. Les employés de l’Institut de recherche et coordination acoustique-musique (Ircam) ne sont pas concernés par la fermeture.

Une logistique trop coûteuse ?

Mais pour le reste des agents, le flou règne. Certains pourraient être réaffectés vers des lieux de stockage et d’exposition des œuvres du musée Pompidou comme la nouvelle antenne de Massy, dans l’Essonne, et le Grand Palais. Mais les syndicats déplorent un manque de clarté, à moins d’un an du grand déménagement. Beaucoup, dans les ateliers de menuiserie ou au service de la médiation, redoutent de voir leur poste supprimé, au profit d’un prestataire externe, car aucune garantie n’a été écrite « noir sur blanc » comme le rapporte Le Monde.

Les grévistes sont 209 sur un millier d’employés, et ne sont donc pas en majorité. Mais le malaise règne, au-delà du volet social, car la préparation du déménagement s’annonce compliquée. 100 000 œuvres du Centre doivent rejoindre, en 2025, des collections déjà stockées dans des entrepôts avant d’être exposées à Massy, fin 2026. Certains agents reprochent notamment à la direction du Centre de faire deux transports, et d’engendrer des coûts et une logistique trop importants.

De nombreuses polémiques risquent encore de suivre ce géant de l’art moderne et contemporain dans son déménagement.