Le thème a été dévoilé lors du repas des artistes d’octobre 2017, puis présenté sur le site www.protestantismeetimages.com, sous l’onglet nos rencontres, qui donne un compte-rendu de cette soirée. Les projets ont été réceptionnés jusqu’à mi-janvier ; parmi eux, une dizaine a été retenue pour l’exposition.
La grâce est un sujet central du christianisme et, plus particulièrement, du protestantisme. Il arrive que le culte du dimanche s’achève sur ces mots de bénédiction : Que la grâce et la paix du Seigneur soient sur vous, ou vous accompagnent aujourd’hui et chaque jour de votre vie ou encore sur le chant du cantique 882 dans Nos cœurs te chantent, Que la grâce de Dieu soit sur toi pour t’aider à marcher dans ses voies… Ces paroles d’envoi sont chargées de tout l’amour éclairé de Dieu pour ses créatures, celui qui donne à chacun la liberté d’enfant de Dieu. À côté de ce sens théologique, d’autres surgissent à foison. Pour orienter l’inspiration des artistes dans cette riche thématique, l’équipe de Protestantisme et images a réuni un florilège de sens possibles, tant théologiques que bibliques et même poétiques.
Pluralité de sens
Ainsi, le mot français grâce renvoie au charme, à l’élégance, à la beauté mais aussi à bien d’autres options. Par exemple, de celui auquel tout réussit, on dit qu’il est touché par la grâce. D’autres nuances encore se trouvent dans la Bible, où plusieurs mots évoquent la grâce, mais tous parlent de bienveillance, de faveur, de charme et même de fidélité. Hesed en hébreux est traduit en grec par charis au sens de beauté, don gratuit et même remerciement. Quelques mots français en dérivent, comme charisme, charité… Une note reprise par Paul. Pour lui, la grâce ne peut être qu’absolument gratuite, sans condition ni contrepartie. L’apôtre exhorte les chrétiens à recevoir dignement la grâce car si on la prend au sérieux, elle met en mouvement, elle est porteuse de vie. Comme le rappelle fermement Dietrich Bonhoeffer : la grâce mobilise parce que le pardon de Dieu vient de la mort du Christ en croix. La grâce coûte cher d’abord parce qu’elle a coûté cher à Dieu, parce qu’elle a coûté à Dieu la vie de son fils – « Vous avez été acquis à un prix élevé » – parce que ce qui coûte cher à Dieu ne peut être bon marché pour nous. Pour les réformateurs, la formule Sola gratia est opposée aux œuvres, elle dit le don du Salut, le cadeau de Dieu à l’être humain. Pour tous, la grâce doit être manifestée et partagée.
Différences de compréhension
Un rapide tour d’horizon des œuvres présentées témoigne de la disparité d’approche des artistes. Ainsi, la sculptrice Nicole Dupont, à travers la lutte de Jacob et l’ange sur fond rouge sang, énonce la force et l’acharnement de la foi reçue et éprouvée. L’œuvre graphique de Catherine Axelrad met en scène l’extase de la réception de la grâce. Avec leurs écritures invisibles révélées par la chaleur, Jocelyne Creusier et Sylvie Tschiember s’appesantissent sur sa dimension cachée/dévoilée. La sculpture de Claude Klimsza questionne la pesanteur de la grâce. La peinture à la cire perdue de Claude Gaudriault s’essaie à traduire son inattendu. Myriam Barnini interroge la marque indélébile dont elle imprègne nos vies. À travers le dessin gracieux des ailes de libellules, Thaddée en souligne la fragile efficacité. L’œuvre sculptée d’Élodie Carriou s’attache à son dynamisme protecteur. D’autres voies encore sont suggérées par Brigitte Dautreme, Anna BruceHénaff et Annie Donnay.
L’exposition se tient à l’Institut protestant de théologie du 6 au 25 mars, de 10h à 18h, chaque jour, sauf le dimanche. Le vernissage aura lieu le 6 mars à 18h.