Étonnant parcours que celui d’Anthony Daniels. Véritable star internationale du cinéma, peu connaissent pourtant son nom et son visage.

Lundi 28 janvier 2019, la nouvelle tombe : Anthony Daniels, l’acteur derrière la face inexpressive du droïde de protocole C-3PO vient officiellement d’annoncer qu’il en avait terminé avec le tournage de Star Wars, épisode IX : L’Ascension de Skywalker. Un grand moment d’émotion pour le seul acteur qui est présent dans chacun des films des trois trilogies Star Wars depuis 1977 ; il joue également dans les deux spin-off de la saga, à savoir Rogue One et Solo — dans ce dernier film, il incarne non pas C-3PO mais le personnage humain Tak. Il participe également à Star Wars in concert, où il fait office de narrateur et guide le public à travers l’univers Star Wars, tout au long des deux heures de concert.

Ce destin extraordinaire ne semblait pourtant pas être écrit à l’avance. Né le 21 février 1946 à Salisbury en Angleterre, Anthony Daniels entame des études de droit sous l’influence de ses parents. Son réel désir est néanmoins depuis toujours d’être comédien. Il quitte donc l’université deux ans plus tard pour rejoindre Londres et l’école d’arts dramatiques Rose Bruford College, où il apprend l’art du mime et la radio auprès d’excellents professeurs qui l’inspirent particulièrement. Une fois son diplôme en poche, il décroche un BBC Radio Award et rejoint ainsi l’entreprise publique britannique pour laquelle il participe à des centaines de productions. Il rejoint ensuite le National Theatre of Great Britain et se représente en tournée ainsi qu’à Londres. C’est là qu’il reçoit un appel afin de rencontrer George Lucas au sujet d’un film de science-fiction. Ce domaine ne l’intéresse pas le moins du monde, lui qui a demandé à être remboursé après être allé voir 2001, L’Odyssée de l’Espace (1968). Il décline donc l’invitation avant de changer d’avis devant l’insistance de son agent. Lors de sa rencontre avec le réalisateur américain, le script le laisse de marbre mais il est happé par un concept du droïde doré dessiné par l’illustrateur Ralph McQuarrie. C’est donc avec joie qu’il accepte finalement ce rôle pour lequel son talent de mime le destinait. Car ce sont bien sa silhouette svelte et ses talents de mime qui lui ont assuré le rôle, dès que Lucas l’a aperçu. Finalement, en plus d’être à l’intérieur du costume brillant, il prêtera sa voix, dont le timbre est unique, une fois de plus svelte et épuré. Il qualifie lui-même cette voix comme étant celle d’un majordome britannique zélé. S’il parle couramment français, la version française de la saga optera pour un doublage réalisé par le talentueux Roger Carel puis Jean-Claude Donda. Une aventure qu’il n’aurait jamais pensé continuer si longtemps, raconte le comédien britannique de soixante-treize ans, qui a publié fin octobre son autobiographie : I am C-3PO – The Inside story (Je suis C-3PO – Les coulisses de l’histoire).

Robot polyglotte et loquace, programmé pour respecter l’étiquette et le protocole, à la démarche mécanique et aux manières guindées, C-3PO aura notamment contribué avec son inséparable compagnon roulant R2-D2 à amener une touche d’humour aux films de science-fiction. Et justement cet ultime épisode voit C-3PO revenir sur le devant de la scène. S’il n’avait pas grand chose à faire dans les films les plus récents, Daniels s’amusant à le comparer à une “décoration de Noël”, il fait ici partie de l’équipe des héros. Il est en effet toujours au cœur de l’action et dans les scènes à effets spéciaux. 

Ne pas être connu alors que son personnage était une star mondiale « a été difficile au début », souligne-t-il. Dès sa sortie sur grand écran, Star Wars est un immense succès critique et public. « Personne ne s’attendait à un tel phénomène. Mais contrairement aux autres acteurs, la presse ne mentionnait jamais mon nom. Ils parlaient de C-3PO, mais jamais d’Anthony Daniels. Cela m’a énormément blessé, je me sentais exclu », se remémore le comédien. Malgré tout, il décide de reprendre son rôle dans les épisodes suivants – avec un salaire un peu plus conséquent – et enchaîne les apparitions dans le monde entier pour promouvoir un personnage qui se comporte comme un enfant. Et donc, « maintenant, beaucoup de gens me connaissent », se réjouit-il, se consolant de ne pas être davantage sur le devant de la scène. « Etre vraiment célèbre peut être un peu bizarre, un peu lourd à porter ».

Une histoire où les paroles du livre des Proverbes (La Bible – Prov. 15.33) « La crainte de l’Eternel enseigne la sagesse, Et l’humilité précède la gloire » semblent prendre corps et nous dire des choses pour aujourd’hui encore. Une vie qui résonne à mon goût comme une parabole que Jésus aurait pu aisément raconter à ceux qui venaient l’écouter, faisant route avec lui, en leurs stipulant avec une certaine espièglerie : « Que celui qui a des oreilles pour entendre… ».