Les yézidis pratiquent une religion monothéiste très ancienne issue des religions de l’Iran antique (Mithraisme) qui s’est adaptée à leur environnement en intégrant des éléments de l’islam et du christianisme. Certains chercheurs considèrent leur religion comme un mouvement plus récent issu de l’islam soufi au XIIe siècle. Les livres sacrés, le Kitêba Cilwe, le Livre des Révélations, et le Mishefa Reş, le Livre noir, sont contestés, la transmission étant principalement orale. Avant de créer le monde, Dieu a créé les sept anges et désigné Malek Taous comme leur chef. Une fois le monde créé, Dieu a chargé Malek Taous de s’en occuper. Les yézidis se sont d’abord déplacés vers le Caucase au XIXe siècle, intimidés et persécutés par l’empire ottoman, comme d’autres minorités (les Arméniens entre autres). Les bolchéviques dans les années 1920, en voulant faire émerger une conscience politique soviétique, ont réprimé les pratiques religieuses et provoqué un repli sur soi de ces populations très attachées à leurs rites.

Des cibles privilégiées

Les yézidis sont ensuite victimes des répressions staliniennes. De nombreuses familles sont déportées en Asie centrale, ébauche de la déportation massive de 1944. Ils vont, au cours du XXe siècle, émigrer en Europe (40 000 aujourd’hui, en particulier en Allemagne). Leur communauté est estimée aujourd’hui de 100 000 à 600 000 personnes. Parce que l’archange Taous a été pris faussement pour le diable par l’islam intégriste et parlant le kurde et issus du Kurdistan, ils ont été une des cibles privilégiées de Daesh. Leur ville, Sindjar, est prise le 3 août 2014, et 35 000 yézidis ont dû fuir dans les montagnes. La situation des réfugiés yézidis est particulièrement dramatique. Des populations entières sont dans le plus grand dénuement, raconte Sébastien de Courtois. La peur panique se lit encore dans leurs regards. Les scènes de carnage qu’ils racontent sont insoutenables. Jean-Pierre Filiu, professeur à Sciences Po, pour Le Monde, renchérit : « Le problème yézidi n’est pas un problème religieux, c’est une question de domination totalitaire. Assimilés à la population kurdes, ils restent la cible du pouvoir syrien et de la Turquie. »

Nous avons essayé de joindre par l’intermédiaire de l’Action des chrétiens en Orient (ACO) les pasteurs du Synode arabe (Syrie, Liban) pour les interroger sur l’actualité récente. Ils ne nous ont pas répondu, sans doute occupés à des affaires plus urgentes (Ndlr).