Roger Vailland. Quel patronyme quand on y songe ! À la masculinité traditionnelle du prénom répond l’élan de vivre et de parcourir la planète. Mais le natif d’Acy-en-Multien, département de l’Oise, tout en nerf, en os et tourments, n’appartient pas à la famille des écrivains voyageurs. À moins de considérer l’art de la conquête – des femmes et des hommes, chez lui, rien n’est arrêté –, de la drogue et du Parti communiste comme une invite au voyage. Premier roman, souvenir de la Résistance : Drôle de jeu. L’un des protagonistes est Caracalla, dont nous savons désormais qu’il était Daniel Cordier, secrétaire de Jean Moulin. Mais ce récit n’est pas à clé seulement. C’est une méditation sur l’engagement. Parole de l’une des femmes impliquées dans la lutte antinazie : « Oui, tout ce jeu que vous faites semblant, les uns et les autres, de prendre au sérieux… Car enfin, vous jouez… J’imagine que vous, vous êtes assez cynique pour l’avouer… en petit comité. Le curé joue au chef de bande : le roi des Montagnes, Edmond About lui a tourné la tête, il choisit mal ses auteurs. »
Vailland donne à […]