Alors que Cannes ouvre ses portes, les sorties cinéma continuent naturellement en salles avec, notamment, en ce mercredi 15 mai, un intéressant road-movie féministe marocain, Reines, premier long métrage de Yasmine Benkiran. Une fiction qui relate l’histoire d’un trio de femmes poursuivi par la police.

Casablanca, Maroc. Zineb s’évade de prison pour sauver sa fille de la garde de l’État. Mais les choses se compliquent rapidement lorsqu’elle prend en otage la conductrice d’un camion, Asma. La police aux trousses, les trois femmes se lancent dans une cavale dangereuse à travers l’Atlas…

Un road-movie féministe

Reines fait preuve d’un grand esprit féministe en abordant cette histoire de femmes en cavale mais plus encore, en quête de liberté, reprenant en boucle des éléments de genre tels que les aventures de braquage, de flics et de condamnés.

Dans une forme de Thelma et Louise à la marocaine, Reines suit un duo de femmes qui devient trio, en fuite d’une société patriarcale qui cherche à les contrôler et à les soumettre.

Elles traversent les montagnes de l’Atlas et ses paysages rocheux, mais aussi ses vallées en fleurs, pour enfin rejoindre le « Grand Sud » et se retrouver face à l’Océan Atlantique.

Yasmine Benkiran a le courage d’aborder son scénario en nous confrontant à des personnages qui ne sont pas toujours sympathiques. On ne perd pas, non plus, de temps superflu avec elle… choisissant de nous entrainer dans un élan narratif rapide qui établit, très vite, la vie de ses deux personnages centraux.

Zineb (Nisrin Erradi) est une trafiquante de drogue condamnée qui approche de la fin de sa peine de prison. Erradi l’incarne avec une arrogance de mauvaise fille fanfaronne, croyant fermement à son mantra maintes fois répété : « Tout ira bien ». Lorsque les autorités menacent de placer sa fille Ines (Rayhan Guaran), 11 ans, qui se comporte mal, dans un centre de protection de l’enfance, Zineb la récupère, détourne un camion et prend la route. Asma (Nisrine Benchara), passagère du camion, se retrouve contrainte de servir de chauffeur à Zineb et Ines. Jeune mécanicienne, Asma est sous la coupe de son mari Karim (Younes Chara) qui prélève son salaire et tente de la déstabiliser en lui racontant des histoires de femmes agressées sans que personne ne leur vienne en aide. Son enlèvement la libère de sa routine quotidienne.

Un récit d’aventure

Ce récit d’aventure, combiné aux décors atmosphériques du désert, « interroge différentes figures féminines d’une époque non révolue. Asma, en particulier, (la troisième femme de l’histoire) est face à un choix : rester sagement obéissante dans une effigie de vierge pure ou bien s’émanciper en connaissant une certaine forme d’opprobre ? Un choix qui se fait dans l’urgence, un choix non réfléchi, plus fort qu’elle, qui la fait basculer de l’autre côté. Cette émancipation a un prix : elle fait d’Asma une hors-la-loi », précise la réalisatrice Yasmine Benkiran.

Les décisions et attitudes de ces femmes s’appuient sur la façon dont les chances se sont accumulées contre elles. On leur rappelle constamment qu’elles vivent dans un monde d’hommes, qu’il s’agisse des commentaires condescendants, du sentiment de menace qui règne dans les établissements réservés aux hommes ou de la posture machiste qui les entoure.