Robuste a fait l’ouverture de la 60e Semaine de la Critique durant l’édition estivale du dernier Festival de Cannes.
Lorsque son bras droit et seul compagnon doit s’absenter pendant plusieurs semaines, Georges, star de cinéma vieillissante, se voit attribuer une remplaçante, Aïssa. Entre l’acteur désabusé et la jeune agente de sécurité, un lien unique va se nouer.
Délicat, drôle, attachant, profond et plein d’humanité sont, sans doute, les qualificatifs qui conviennent le mieux pour évoquer cette jolie histoire où interprétation et mise en scène viennent la servir magnifiquement.
Robuste raconte une amitié qui se noue malgré les différences, voire même les oppositions naturelles. Robuste est même un antidote à tous les discours haineux et nationalistes. Alors il y a tout d’abord Georges, un rôle écrit sur mesure pour Gérard Depardieu, au point où l’on de demande où commence le jeu de Georges et où se tapit Gérard. Star vieillissante, plein d’amertume, fatiguée, qui ne supporte pas d’être sans cesse sollicitée, mais qui demeure attachant, en particulier dans certains rapports individuels construits autour de l’amitié. Un homme pétri de paradoxes, qui aimerait tant qu’on lui foute la paix, mais qui a un besoin vital d’une présence pour ne pas rester seul. Depardieu est tout simplement admirable avec, en plus, quelques sorties grandiloquentes qui font inévitablement mouche dans la salle. À souligner le magnifique final où l’acteur se retrouve à jouer (enfin) la fameuse scène tant répétée et entrer dans le « costume » de son personnage avec une éclatante élégance.
Et puis il y a Aïssa, cette lutteuse gréco-romaine, qui vient remplacer son « grand frère » et chef Lalou auprès de Georges. On a tous les éléments pour entrevoir se profiler le choc des clichés sur la confrontation de ces deux mondes aux antipodes l’un de l’autre, telle une farce facile et de mauvais goût. Et que nenni ! La réalisatrice Constance Meyer nous conduit autre-part, choisissant d’installer une douce complicité qui se forge tranquillement entre les deux protagonistes. Déborah Lukumuena est incroyablement belle, rayonnant par ses diverses expressions. Son regard monopolise l’objectif avec une puissance rare.
Robuste est une rencontre de deux solitudes filmées avec pudeur et délicatesse bienveillante. Un film qui fait du bien, et qui vous fait sortir de la salle obscure satisfait et intérieurement éclairé. Et alors, dans ces temps sombres, Robuste devient une valeur clairement ajoutée !