Après de brèves études bibliques à Londres, il fit ses premières armes dans l’évangélisation en milieu populaire aux côtés de Robert W. MacAll. Fondateur d’une Église baptiste à Paris, secondé par sa femme Jeanne, il eut une intense activité d’évangélisation dans toute la France et fit des voyages réguliers dans les pays anglo-saxons (Grande-Bretagne, États-Unis). Pionnier en francophonie des « conventions chrétiennes » qui attiraient des milliers de fidèles, il créa en 1921 l’Institut Biblique de Nogent-sur-Marne dont il fut le premier directeur.
Ruben Saillens fit aussi de nombreuses incursions sur le terrain politique : favorable à la Commune dans sa jeunesse, il sera en 1885 hostile à l’intervention française à Madagascar, ce qui lui vaudra l’hostilité durable du parti colonial. Partisan déclaré du capitaine Dreyfus, son philosémitisme s’affirmera encore dans les années précédant la Seconde guerre mondiale.
Ce Cévenol infatigable manifestera aussi des dons littéraires hors du commun (il aura même l’honneur d’être plagié par Léon Tolstoï lui-même !). Il sera ainsi l’auteur de « la Cévenole », hymne fédérateur des descendants de Camisards, ainsi que de nombreux autres cantiques. Sa fille Madeleine (dont les Éditions Ampelos ont publié le Journal de la Grande Guerre) sera la première française pasteure baptiste et plusieurs de ses petits-enfants s’illustreront dans diverses activités missionnaires et éducatives.