Alors qu’elle écrit son nouveau roman, Rama assiste, à la cour d’assises de Saint-Omer, au procès de Laurence Coly qui est accusée d’avoir tué sa fille âgée de quinze mois en l’abandonnant à la marée montante, sur une plage.

Le point de départ du film est un terrible fait divers de 2013, qu’on avait appelé “l’infanticide de Berck”. Dans les premières minutes, on pense qu’on va assister à un film de procès classique, réaliste et didactique. Mais le film s’affranchit rapidement de tout cadre, brouillant les pistes, pour une proposition de cinéma troublante et exigeante, assez radicale mais passionnante.

Finalement, le procès devient secondaire (nous n’avons même pas le verdict à la fin du film), au profit du regard de Rama sur cette jeune femme accusée, qui la fait s’interroger sur elle-même et qui entre en écho avec sa propre histoire. La mise en scène multiplie les plans sur les visages de ceux qui écoutent, pour souligner que ce qui est important, c’est moins ce que disent les protagonistes que la manière dont nous le recevons. En réalité, comme l’a dit Alice Diop elle-même, la réalisatrice, le personnage principal du film, c’est le spectateur. Si on en doutait, il suffit de voir la scène de la plaidoirie de l’avocate de la défense, face caméra. Un moment d’une intensité assez incroyable.

Saint-Omer est un film qui n’apporte aucune réponse, et qui ne cherche pas à le faire ! Par contre, il pose beaucoup de questions, il interroge puissamment sur la maternité – un mystère qu’on ne peut pas résoudre – mais […]