L’histoire d’un jeune homme qui, grâce au soutien indéfectible de sa mère, a réussi à surmonter ses handicaps de surdité et de cécité pour devenir le premier au monde à enseigner à l’université en dépit de ces conditions. Loin de tout pathos, Satoshi offre une grande leçon de résilience. Le cinéaste japonais, soutenu par un excellent casting, signe un film tout en finesse, d’une grande délicatesse.
Satoshi est aveugle depuis ses 9 ans. Sa vie bascule une seconde fois à 18 ans, lorsqu’il perd l’audition. Accompagné par sa mère, Satoshi va réapprendre à vivre et s’évertuer à découvrir un nouveau sens à sa vie. Une superbe leçon de résilience basée sur une histoire vraie.
L’amour entre une mère et son fils
Satoshi Fukushima est né en 1962. Il a perdu la vue à l’âge de 9 ans et l’ouïe à l’âge de 18 ans. En 1983, il est entré à l’université métropolitaine de Tokyo, devenant ainsi la première personne sourde-aveugle du Japon à étudier au niveau universitaire. Il est devenu, par la suite, professeur associé à l’université de Kanazawa et, depuis 2008, professeur au centre de recherche en sciences et technologies avancées de l’université de Tokyo, devenant ainsi la première personne sourde-aveugle au monde à devenir professeur d’université à plein temps. Junpei Matsumoto réalise un film basé sur les premières années de sa vie, et en particulier sur le rôle que sa mère a joué dans la façon dont il a grandi, car Satoshi, c’est d’abord l’histoire de l’amour qui unit une mère et son fils. Avec elle, apparait la façon dont ils luttent ensemble, avec le soutien de leur famille et de leurs amis.
Les cinéphiles auront certainement en mémoire Miracle en Alabama qui racontait l’histoire d’Helen Keller (à laquelle il est fait référence dans Satoshi), née en Alabama en 1880 et d’Ann Sullivan, jeune institutrice malvoyante, chargée de son éducation à partir de ses 7 ans. Après avoir contracté une maladie infectieuse, Helen devenait aveugle, sourde et muette à 18 mois. Devenue écrivaine, activiste et conférencière, elle a marqué la première moitié du XXème siècle par ses combats politiques et féministes malgré son handicap. Si les handicaps sont identiques, la cinématographie japonaise, tout en délicatesse, livre néanmoins une histoire très différente.
La caméra subjective de Matsumoto pétrie de pudeur et de finesse, suit la mère et le fils dans leur combat, dans leurs découragements et doutes, mais aussi dans les moments de joie.
La lumière se fait tantôt sombre, tantôt éclatante. Ils se soutiennent mutuellement. « J’ai des oreilles, je m’en sortirai », assure l’enfant à sa mère, inquiète pour son avenir. Mais sa vie bascule une seconde fois à 18 ans lorsqu’il perd totalement l’ouïe.
Une ode au concept de « famille »
Satoshi Fukushima, le protagoniste principal se souvient : « Quand il est apparu que le film serait basé sur le livre de ma mère, je me suis dit que dans ce cas, je n’avais pas à vraiment à m’exprimer. Bien sûr, j’avais pleinement collaboré avec ma mère à l’élaboration de son ouvrage, mais il y avait certaines choses de mon enfance que je ne savais pas. C’est parce que le film prend le point de vue de la mère qu’il a pu se faire. » Cet angle de caméra spécifique, autour de ce personnage féminin, Reiko Fukushima, est un pari gagnant et devient une ode à la maternité, mais aussi à l’ensemble du concept de « famille ». L’actrice japonaise Koyuki offre d’ailleurs une performance remarquable, en saisissant toutes les nuances d’une mère qui essaie de s’occuper de son enfant malade, mais aussi de rester une mère pour ses deux autres fils et une épouse pour son mari. Taketo Tanaka, jeune étoile montante du cinéma
Japonais, dans le rôle de Satoshi jeune homme, est également excellent, à la fois dans son optimisme et son désespoir.