Le grand public ne sait sans doute pas que le XVIIe siècle (avant la Révocation de l’Edit de Nantes tout du moins) compta un certain nombre d’artistes protestants de qualité, dont Sébastien Bourdon (1616-1671), montpelliérain de naissance, mais qui résida à Paris, après avoir passé quelques années auprès de la reine luthérienne Christine de Suède.
Sébastien Bourdon fut l’un des créateurs de l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1648, et il en fut le Recteur en 1655. Il s’inscrit dans la lignée de Poussin, dont il s’inspira, pour son style classique et antiquisant. Ses personnages, souvent bibliques, sont situés dans des paysages majestueux, au milieu de ruines antiques. Ils sont habillés de drapés colorés et généreux, aux couleurs chatoyantes.
Réglons tout de suite la question du « peintre protestant ». On regrette le point d’interrogation mis dans le sous-titre, dans la mesure où le contenu du catalogue dit le contraire. Bourdon fut véritablement un peintre protestant, en ce que non seulement il assistait tous les dimanches au culte à Charenton (l’unique temple des parisiens, situé hors de Paris), mais l’on peut trouver des consonances entre ses peintures de paysages et les sermons des pasteurs qu’il écoutait. C’est en tous cas ce que montra le prof. Frédéric Coussiné, de l’Université de Rouen, dans une conférence « Sébastien Bourdon, une ’doctrine des eaux’ », donné lors de la journée d’étude « L’art protestant en France avant la Révocation de l’Edit de Nantes », qui eut lieu les 4 et 5 octobre 2018 pour accompagner l’exposition.
Certes, il est malvenu, en histoire de l’art, d’accoler un qualification religieux à un artiste, même s’il […]