La seconde saison en 4 épisodes de cette mini-série de la BBC, disponible sur la plateforme My Canal, est une suite digne de la première saison qui se déroulait, elle, dans une prison pour hommes. Cette fois-ci, ce sont les femmes qui sont derrière les barreaux, qui font face, qui essaient de rester en sécurité et qui se concentrent sur leur survie mentale, émotionnelle et physique, avec le « spectre » de la maternité constamment en second plan.
Orla (Jodie Whittaker), qui élève seule ses trois enfants, est totalement désemparée lorsqu’elle est incarcérée à Carlingford où elle doit purger une peine de six mois de prison. Elle fait la connaissance de Kelsey (Bella Ramsey), une héroïnomane de 19 ans qui n’en est pas à son premier passage derrière les barreaux. Abi (Tamara Lawrance), elle, a été condamnée à vie et tente vainement de cacher le motif pour lequel elle est emprisonnée. Les trois femmes tentent de s’entraider.
Trois femmes, trois histoires
Cette nouvelle saison suit, cette fois-ci, trois femmes. Orla est une « délinquante » sociale, condamnée pour avoir trafiqué les relevés de son compteur d’électricité pour pouvoir survivre avec ses trois enfants. Son emprisonnement brutal (elle était tellement sûre d’être libérée qu’elle n’a même pas dit à qui que ce soit qu’elle était au tribunal, et son premier coup de fil est pour faire chercher ses enfants à l’école) développe en elle une angoisse majeure de perdre leur garde. Kelsey, une jeune héroïnomane, découvre à son arrivée qu’elle est enceinte. Quant à Abi, elle est condamnée à perpétuité pour un crime qui la hante encore et la hantera toujours.
Le temps a une signification différente pour chacune de ces femmes. Pour Orla, ce sont de précieuses minutes qui la séparent de sa famille – un éloignement qui menace toute chance de retrouvailles véritables – tandis que pour Kelsey, deux comptes à rebours se déroulent simultanément. Mais pour Abi, cela ne signifie pas grand-chose. « J’ai pris perpète ! », prévient-elle face une détenue qui menace de dévoiler son crime. « Quelques années de plus ne signifient rien pour moi. »
Les prisons sont, pour le petit comme le grand écran, un véritable microcosme « contrôlable », mais aussi un profond creuset émotionnel.
Plus rien d’autre que du temps
Dans cette deuxième saison de Jimmy McGovern, nous assistons à un tourbillon de traumatismes. Culpabilité, séparation, deuil, anxiété : autant de choses qui se déchaînent dans la société, accélérées dans l’enceinte d’une prison. Ces femmes n’ont plus rien d’autre que du temps… Du temps surtout pour être malheureuses, bien sûr. Le temps d’être désagréables aussi, violentes parfois, mais également humaines et transformables pour atteindre possiblement une sorte de catharsis. Lorsque vous insistez sur le traumatisme, en tant que metteur en scène, vous courez le risque d’exploiter la fiction comme un mécanisme de concentration des abus, comme un bouillon mijoté jusqu’à obtention d’un porridge peu ragoûtant. Mais ici, McGowern dose dans un parfait équilibre pour construire un plat délicieux. Dans Time, il n’y a finalement que trois histoires, chacune racontable à sa manière, et interprétée avec force et justesse par trois grandes comédiennes. En particulier Bella Ramsey qui, après avoir joué des enfants précoces dans Game of Thrones et The Last of Us, trouve ici une matière nouvelle dans ce rôle de toxicomane endurcie devenant mère.
Mais Time est sans doute à son meilleur lorsque la série montre que c’est dans le monde extérieur que réside la véritable terreur. Comme il est facile de rompre le lien, surtout quand il a toujours été si mince. Aussi terrible que soit la contemplation du temps à l’intérieur, la contemplation de ce qui se passe à l’extérieur peut être encore pire. Lorsqu’un personnage secondaire parle, par exemple, de son fils, et de la raison pour laquelle elle continue d’auto-saboter toutes ses chances de sortir, elle dit simplement : « Ce n’est plus mon fils, c’est un homme maintenant. »
Time (saison 2) est un fabuleux portrait de femmes sur le fil du rasoir, luttant contre des systèmes échappant à leur contrôle, serré, tendu et plein de compassion. Le temps, en fin de compte, pourrait être de leurs côtés !