Quiévrechain, ville industrielle du nord de la France. Après la fermeture de leur usine, Franck, passionné de variété française décide d’entraîner ses anciens collègues, Sophie (dont il est secrètement amoureux), José (qui chante comme une casserole), et Jean-Claude (ancien cadre un peu trop fier) dans un projet un peu fou : monter une entreprise de livraisons de chansons à domicile, SI ON CHANTAIT ! Départs en retraite, anniversaires ; à force de débrouille, ils commencent à avoir de plus en plus de demandes. Mais entre chansons, tensions et problèmes de livraisons, les fausses notes vont être dures à éviter !
Si on chantait, premier long métrage de Fabrice Maruca, est l’archétype du feel good movie à la française. Une comédie, bien jouée, pleine de bons sentiments qui identifie avec justesse des marqueurs sociaux, romantiques et culturels, et qui les utilisent pour délivrer une histoire simple, originale qui fait du bien. Car il faut le dire – je précise ici que j’ai vu le film en province lors d’une avant-première – cela faisait longtemps que je n’avais pas entendu une salle (quasi pleine) rire de la sorte, si franchement, pendant la séance et vu des visages aussi radieux quand les lumières se sont rallumées pendant le générique, avec des commentaires élogieux (pendant que d’autres chantonnaient encore le titre éponyme de Julien Clerc). Oui, un sentiment immensément sympathique qui me fait dire, comme cette jeune femme disait à celle que je suspecte d’être sa mère à la sortie :« hum, ça risque de bien marcher avec le bouche-à-oreille ! ».
Alors les raisons sont multiples. J’ai déjà évoqué une histoire bien menée qui fonctionne avec des marqueurs parfaitement utilisés sans tomber dans une excessive et poussive caricature. Il y a aussi un très réussi casting façon chorale (logique !), emmené par Jeremy Lopez et Alice Pol, avec Clovis Cornillac, Artus, et la remarquable Chantal Neuwirth notamment. Mais à tout ça s’ajoute l’effet variété. Cette fameuse variété française et toutes ces chansons qu’on a tous dans la tête et qui collent à des souvenirs, émouvants, joyeux, tristes ou romantiques. De Clerc à Fugain en passant par Goldman, Lio, Gainsbourg, Montagné, Aznavour… mais aussi Maître Gims, Sinsemilia ou Kendji, elles ont accompagné nos histoires de vie et dès les premières mesures nous font sourire ou enclenche une larmichette.
Avec Si on chantait, c’est ainsi le rappel de cet impact social sans doute incomparable de la chanson populaire. Une œuvre qui prend vie avec un auteur, un compositeur… des musiciens, une ou plusieurs voix… mais qui surtout survit, ne meurt jamais car ressuscite constamment au travers de vous et de moi. C’était le temps où cette chanson renaissait par ma dédicace sur une radio FM ou parce que choisie dans le jukebox du café du coin de la rue. Mais plus simplement, et quelque soit le jour et l’époque, que la voix soit juste ou non, que le texte soit compris ou ne le soit pas (hein Artus ?!), ce titre et cette mélodie dans ma bouche, sous la douche, sur un vélo, dans un hangar ou au milieu d’un stade de foot, m’appartiennent inexorablement et peuvent me procurer alors l’effet tant escompté.
Bon, oui… j’avoue. Je reste un tout petit peu sur ma fin avec cette gentille fin un peu facile et des effets spéciaux sur le pseudo public du stade un tantinet légers… mais un ou deux bémols sur une jolie portée ne gâchent en rien la mélodie et même parfois lui apportent une saveur particulière. Alors Si on chantait encore et encore nombreux dans les semaines à venir…
Et en couplet personnel, je vous offre mon refrain (oublié dans le film) mais qui colle tellement bien à tout ça :
Ça s’en va et ça revient
C’est fait de tout petits riens
Ça se chante et ça se danse
Et ça revient, ça se retient
Comme une chanson populaire.
L’amour c’est comme un refrain
Ça vous glisse entre les mains
Ça se chante et ça se danse
Et ça revient, ça se retient
Comme une chanson populaire.
Ça vous fait un cœur tout neuf
Ça vous accroche des ailes blanches dans le dos
Ça vous fait marcher sur des nuages
Et ça vous poursuit en un mot.