Un film qui fait rapidement penser à quelques grands classiques du genre, dont le fameux « les hommes du président ». Plongeon au cœur d’une enquête redoutable et passionnante.
L’histoire se passe en 2001 à Boston au cœur du grand quotidien de la ville, le Boston Globe. Marty Baron en devient le nouveau patron. Dans sa volonté de relancer la rentabilité du journal en étant prêt à bousculer quelque peu ses lecteurs, très catholiques, et sa rédaction par la même occasion, il demande à l’équipe des quatre journalistes d’investigation nommée « Spotlight » de se concentrer sur l’affaire d’un prêtre pédophile. Leur enquête va déboucher sur le plus grand scandale touchant l’Eglise Catholique à travers le monde, et pour les journalistes, au-delà d’une satisfaction particulière la récompense du prestigieux prix Pulitzer.
Il est des films qui vous laissent sortir en ayant le sentiment d’avoir été sonné. Une sorte de grosse claque ou d’uppercut bien placé, même si ce n’est pas de Creed le dernier Rocky dont je vous parle là. C’est donc de Spotlight qu’il s’agit et qui fait désormais partie de cette liste. Évidemment l’histoire joue un rôle capital dans l’effet ressenti. Ce scandale de viols et d’abus sexuels commis par près de 80 prêtres à Boston (pour le début de l’affaire) ne peut laisser indifférent. Les témoignages de victimes, de proches mais aussi la « mauvaise foi » qui fait face et l’horreur du silence sont des raisons on ne peut plus suffisantes. Mais c’est aussi ce qui entoure les événements qui vient apporter son effet percutant. De la réalisation hyper précise aux acteurs extrêmement justes dans chacun de leurs rôles, en passant par tous les éléments qui font la qualité d’un film.
Avec quatre syllabes qui résume parfaitement le tout : so-bri-é-té. Ne cherchez pas d’actions, d’espions, d’explosion, de complots ou d’invasion dans ce film, il n’y a rien de tout cela. Nada… Nul besoin d’ailleurs, à peine quelques larmes. Et c’est sans doute ce qui rend l’impact plus fort encore paradoxalement. On reste pris par le récit, les dialogues et toutes les émotions qui en ressortent… doutes, écœurements, colère, honte.
Et puis si, bien naturellement, l’Église catholique ne ressort pas indemne de ce film, il faut noter que Tom McCarthy, le réalisateur, ne construit pas son film comme un feu nourrit visant à atteindre la foi chrétienne et tout ce qui la représente. Non, ce film est peut être même d’avantage un hommage rendu au journalisme d’investigation, sans toutefois non plus en faire de super-héros. Car ici, tout le monde doit faire face à ses propres contradictions : Journalistes, policiers, juges, avocats, clergé et croyants. Tout ce petit monde n’est ni tout blanc, ni tout noir, comme le rappelle l’un de ces avocats qui, depuis des années, règlent en toute discrétion des « incidents » similaires en répondant au journaliste Walter « Robby » Robinson pendant son enquête : « Et quand y’a dix ans, je vous ai envoyé une liste de 20 noms de prêtres, vous étiez où ? »
Spotlight, indirectement, évoque aussi forcément des aspects spirituels très intéressants. Plusieurs répliques et dialogues présentent ainsi des questionnements personnels que chacun peut ressentir, tant vis à vis de Dieu que de l’Église. Je pense par exemple à ce moment émouvant où le journaliste Michael Rezendes craque et explique que quelque chose s’est cassée dans sa vie au fur et à mesure de ses investigations. Lui qui n’allait plus à l’Église depuis un certain temps mais qui, au fond de lui, pensait bien y revenir un jour… Mais maintenant, comment le pourrait-il ? Et, d’une certaine façon comme une réponse possible, à un autre moment du film, cette phrase d’un ex-prêtre devenu psychothérapeute mais qui confesse que sa foi en Dieu demeure intacte (c’est cet homme qui donnera à l’équipe du Globe de réaliser que le scandale est bien plus important qu’elle ne pensait) : « L’Église est une institution composée d’hommes. Moi je crois en ce qui est intemporel ! ».
J’évoquais précédemment aussi la précision des acteurs. Il est important de citer le magnifique casting dans lequel nous retrouvons en première ligne l’excellent Mark Ruffalo, mais aussi Michael Keaton, Rachel McAdams et Brian d’Arcy James dans les rôles des journalistes. Liev Schreiber joue Marty Baron et John Slattery joue Benjamin C. Bradlee. Voilà pour l’équipe du Globe. Et mention spéciale également à Stanley Tucci qui joue Mitchell Garabedian, l’avocat d’une partie des victimes.
Maintenant, rendez-vous dans quelques semaines pour la cérémonie des Oscars où l’on espère quelques statuettes qui seraient bien méritées.