L’un des plus grands défis de nos jours lorsqu’il s’agit de trouver des séries ou des films de qualité, est le volume même du contenu. Avec les multiples plateformes et des nouveautés constantes, il est difficile de se frayer un chemin dans la botte de foin pour trouver l’aiguille… de saisir la perle rare qui se cache dans une huître au milieu d’un bassin inépuisable.
Mais parfois le hasard, un œil aiguisé ou le bouche-à-oreille opèrent et vous offrent alors le délice du coup de cœur. Pour aller droit au but (n’y voyez aucune métaphore footballistique par pitié), The Bear est singulièrement l’une des toutes meilleures séries qu’il m’ait été donné de voir depuis plusieurs mois.
The Bear suit Carmen « Carmy » Berzatto (Jeremy Allen White), étoile montante de la gastronomie, véritable ‘top chef’ qui revient dans sa ville, à Chicago, après que son frère se soit suicidé. Il lui a légué la sandwicherie familiale, The Beef, auparavant prospère mais aujourd’hui délabrée et surtout très mal gérée. Mais ce que Carmy sait faire, c’est évidemment cuisiner tout en devant faire face à ses propres démons et en essayant de réinventer le restaurant pour le mieux. Carmy fait appel au jeune chef Sydney (Ayo Edebiri) et ensemble, ils s’efforcent de créer quelque chose de nouveau et d’excitant.
Le showrunner et créateur de la série Christopher Storer et son équipe de scénaristes ont su capturer, avec génie, les personnages et le flux de ce petit restaurant de street-food italienne, typique de Chicago. Présenté parfois comme une comédie, The Bear se situé ailleurs, le niveau de tension et de pression qui encadre la série étant tout sauf comique, même si parfois le sourire s’infiltre.
Je présenterai personnellement plutôt The Bear comme un drame qui traite du deuil, de traumatismes, de dépendances, de la toxicité au travail, de la famille, de l’obsession et de l’amour de la cuisine.
Le rythme est soutenu et les personnages sont tous développés bien plus qu’ils ne le sont généralement dans une série courtes de moins d’une heure. On découvre des éléments pertinents pour l’histoire au fur et à mesure qu’elle avance, et les antécédents et la vie plus large des personnages sont mis en évidence. Les uppercuts émotionnels sont puissants. Les luttes internes des personnages sont équilibrées dans le déséquilibre naturel profond que tout individu connaît sans doute. Le casting est brillant, avec des rôles tous interprétés avec soin et engagement.
The Bear est une série rare qui n’essaie pas d’en faire trop et qui raconte, vous l’aurez compris, une merveilleuse histoire. Elle est clairement addictive dans tous les bons sens du terme et tout le monde pourra l’apprécier. Un peu comme, parait-t-il, un succulent sandwich au boeuf, italo-americain, made in Chicago !