En compétition officielle à Cannes, The History of Sound, réalisé par Oliver Hermanus, explore les résonances de l’amour et de la mémoire à travers un récit délicat porté par Paul Mescal et Josh O’Connor. Adapté d’une nouvelle de Ben Shattuck, le film mêle quête ethnographique et émotion secrète dans une Amérique de l’après Première Guerre mondiale.

Lionel, jeune chanteur talentueux originaire du Kentucky, grandit au son des chansons que son père chantait sur le perron de leur maison. En 1917, il quitte la ferme familiale pour intégrer le Conservatoire de Boston, où il fait la rencontre de David, un étudiant en composition aussi brillant que séduisant, mais leur lien naissant est brutalement interrompu lorsque David est mobilisé à la fin de la guerre. En 1920, réunis le temps d’un hiver, Lionel et David sillonnent les forêts et les îles du Maine pour collecter et préserver les chants folkloriques menacés d’oubli. Cette parenthèse marquera à jamais Lionel.

La photographie d’Alexander Dynan confère au film une atmosphère visuelle envoûtante. Les paysages hivernaux du Maine, capturés avec une lumière douce et des compositions soignées, servent de toile de fond à la quête des protagonistes pour enregistrer les chansons folkloriques menacées d’oubli. Chaque plan semble imprégné de nostalgie, renforçant le sentiment d’une époque révolue et la fragilité des souvenirs.

Une exploration subtile de l’amour et de la mémoire

Au cœur du récit, la relation entre Lionel et David se développe avec retenue et profondeur. Leur amour naissant se manifeste à travers des gestes, des regards et une complicité silencieuse. Cette approche confère au film une force émotionnelle tout à fait particulière, évitant les clichés pour privilégier une authenticité touchante. Le film s’attarde également sur le thème de la mémoire, notamment à la fin, à travers le personnage de Lionel âgé, interprété par Chris Cooper. Les souvenirs de son voyage avec David le hantent, soulignant l’impact durable de cette relation sur sa vie, son histoire et ses choix professionnels. La musique enregistrée devient alors un symbole de leur lien et de la persistance du passé dans le présent.

Une œuvre singulière sur l’héritage culturel

Oliver Hermanus adopte une mise en scène sobre et contemplative, laissant place au silence et à la réflexion. Cette approche, toute en délicatesse, a suscité des avis partagés parmi les critiques. Certains ont loué la sensibilité du film, tandis que d’autres ont regretté un manque de rythme et d’intensité émotionnelle. Mais, pour ma part, c’est la force émotionnelle et la beauté (tant dans les images, le son, que l’ambiance générale) qui l’emportent et m’ont emporté. Et puis, The History of Sound se distingue également par sa réflexion sur la préservation de la culture populaire. En enregistrant les chansons des habitants de la Nouvelle-Angleterre, Lionel et David participent à la sauvegarde d’un patrimoine immatériel menacé. Cette dimension confère au film une portée universelle, interrogeant notre rapport à l’histoire, à la mémoire collective et à l’importance de transmettre les voix du passé.

Œuvre poétique et introspective, ce film offre une méditation émouvante sur l’amour, la mémoire et la musique. Et Oliver Hermanus invite le spectateur à une écoute attentive des silences et des sons qui façonnent nos existences.