Dans la société dominante, les personnes seules sont envoyées dans un Hôtel où elles devront trouver partenaire sous 45 jours, faute de quoi elles deviendront l’animal de leur choix. Une autre société rebelle, les Solitaires, a organisé sa survie dans les bois. Le protagoniste David passera de l’une à l’autre.

Un film déroutant, à l’image de la séquence pré-générique : une femme arrête sa voiture au bord d’une route de campagne et va tuer un baudet occupé à brouter. On ne reverra ni cette femme, ni cet âne, mais sans doute ce crime n’est-il pas si gratuit qu’il y paraît d’abord. Ni la séquence, bien entendu : nous voici d’emblée plongés dans un monde absurde, surréaliste, tel celui du Chien andalou ; et ce parrainage nous accompagnera tout au long de la projection.

La lecture s’effectue dès lors sur deux niveaux parallèles : celui de l’évidence, présentation de deux sociétés opposées, deux caricatures dérisoires du monde que nous connaissons, surchargées de règles et conventions imposées auxquelles la plupart des individus se plient du mieux qu’ils peuvent, tandis que d’autres sont rejetés dans un sous-monde par l’effet de leur échec ou de leur révolte ; et celui de l’antiphrase, ces règles et conventions étant mises en œuvre d’une façon qui en dénonce l’auto-négation. Car que penser des illustrations du bonheur de vivre à deux, qu’il s’agisse de l’exemple du déjeuner (un partenaire vous sauvera de l’étouffement), ou de celui de la promenade (un partenaire vous épargnera l’agression) ? Que penser des critères d’appariement des couples, comme de boiter, saigner du nez, être insensible, avoir une belle chevelure ? […]