The White Lotus (sur OCS et en VOD) fait référence à un hôtel de plage luxueux à Hawaï, où divers personnages découvrent que ce qui était censé être d’agréables vacances ressemble davantage à un examen psychologique exhaustif. 

Le paradisiaque White Lotus vient de subir la mort d’un de ses pensionnaires, apprend-on dès les premières minutes du premier épisode. À partir de là, tout est possible… et nous embarquons une semaine plus tôt dans un bateau qui amène un lot de familles et de personnes au complexe touristique de la côte hawaïenne. Et c’est au travers du regard incisif et de l’imagination débordante de deux copines adolescentes que se dévoilent les protagonistes de l’histoire. Le ton est donné ! Si le mystère plane et excitera inexorablement notre envie de savoir, c’est dans le profond de l’âme de ces hommes et de ces femmes que nous convie Mike White. Car le réalisateur parvient à mettre ses personnages à rude épreuve avec humour et panache, et tout ce qui leur arrive devient une façon de les révéler toujours plus à notre regard afin d’explorer ce qui les fait vibrer intimement.

Les injustices et les iniquités s’accumulent au fil des épisodes, tout comme un certain nombre de cruautés irréfléchies, à mesure que les histoires des clients et du personnel se dévoilent et qu’ils commencent tous plus ou moins à partir en lambeaux. Les structures de pouvoir qui façonnent notre monde, quasi invisibles mais si violentes à la fois, sont de plus en plus révélées. L’histoire s’intéresse d’ailleurs autant aux démunis qu’aux nantis : elle s’attaque aux inégalités et aux formes de corruption et de souffrance (majeures et mineures, insidieuses et flagrantes) qu’elles engendrent. White utilise habilement l’environnement cadré de la station balnéaire comme un laboratoire d’interactions, ce qui lui permet d’explorer toutes sortes de sujets poignants ou même d’actualité.

Rares sont même les sujets brûlants de notre époque à ne pas être mis en lumière par le prisme de l’histoire de White, qui se déroule sans heurts, et par sa pléthore de personnages extrêmement bien campés (et interprétés par un génial casting). Et précisément, aucun d’eux n’est fondamentalement méchant – le réalisateur américain est sans doute trop bon pour nous faciliter la tâche : l’intérêt de la série réside en fait dans l’horreur de tout ce qui est sous-entendu et que ces personnes suscitent. Et la satire fait fortement son effet !

En bref, The White Lotus est un régal, aussi stimulant et hilarant qu’inattendu. Son aura est renforcée par des images tantôt magnifiques, tantôt inquiétantes de couchers de soleil, de paysages et de vagues qui déferlent lentement sur l’océan, tandis que la musique de Cristobal Tapia de Veer, joue son rôle à merveille et accompagne chaque moment parfaitement.