Qui n’a le souvenir des magnifiques portraits « en majesté » de nos rois, en particulier de Louis XIII à Louis XVI et Napoléon, entourés des attributs du pouvoir ? Dispensateurs de la paix et de la guerre, garants de la justice et choisis par Dieu (ou les dieux) pour être à la tête de leur peuple, les rois ont multiplié signes et symboles pour asseoir la légitimité de leur pouvoir. À la Petite Galerie du Louvre, une quarantaine d’œuvres d’art invitent à admirer et s’interroger sur la beauté mais aussi le sens que les artistes ont donné – sur ordre – à la représentation de ceux qui gouvernent.
Un choix resserré, des œuvres expliquées
La Petite Galerie du Louvre, si vous ne la connaissez pas, est un musée dans le musée qui existe depuis trois ans seulement. Dans cet espace réservé, un nombre limité d’œuvres d’art sont exposées à l’intention de ceux qui se sentent peu familiers de l’univers des musées. C’est la raison pour laquelle il y a peu d’œuvres mais très bien expliquées et sur un thème « transversal », qui parcourt les époques pour montrer comment les artistes ont représenté un sujet donné selon les époques.
À l’occasion des vacances scolaires, cela peut être aussi l’occasion pour des adolescents de venir au Louvre pour y trouver quelque chose d’inhabituel : de nombreux outils qu’ils peuvent parcourir et manipuler pour laisser un objet venir à eux à travers les siècles, l’admirer et lui donner du sens. Ils peuvent ainsi, grâce à des outils de numérisation en 3D, faire tourner un objet sous tous ses angles, voir des diaporamas, ou feuilleter virtuellement un livre.
Signes et symboles
Un roi ou une dynastie doit rassurer ses sujets en leur rappelant son rôle pacificateur, bâtisseur, protecteur, législateur, voire intercesseur auprès de Dieu. Ces différentes fonctions sont expliquées dans la première salle, avec les attributs qui leur sont attachés. La deuxième salle présente un cas particulier, celui d’Henri IV, qui a dû multiplier les images pour asseoir sa légitimité longtemps contestée en temps que protestant, et à l’origine d’un renouveau dynastique, celui des Bourbons. Lors de la Restauration, après 1815, c’est la figure du « bon roi Henri » qui est régulièrement convoquée pour légitimer le retour des rois Louis XVIII et Charles X, grâce à des peintures et des estampes. La troisième salle montre que nos rois se sont largement inspirés du modèle antique. On peut y admirer en particulier une étonnante statue équestre de Louis XIV, à la manière romaine, mais portant la perruque caractéristique du XVIIe siècle.
Enfin, la dernière salle détaille les objets utilisés lors des sacres, également appelés regalia, que sont les sceptres, mains de justice ou couronnes. Certains ont été détruits lors de la Révolution, mais quelques-uns subsistent, comme le sceptre de Charles V ou la couronne dite de Charlemagne. Le visiteur pourra voir également comment ont évolué les portraits en majesté, de Louis XIII à Napoléon, puis comment les artistes ont trouvé à représenter la République, d’abord en Minerve, puis Marianne, jusqu’aux portraits de nos présidents de la Ve République. Passionnante réflexion sur les symboles du pouvoir à travers des objets d’art souvent splendides, qui couvre 2 000 ans d’histoire jusqu’à nos jours.
Jusqu’au 2 juillet à la Petite Galerie du musée du Louvre, Paris 1er.
Tlj sauf mardi de 9h à 18h, nocturne mercredi et vendredi jusqu’à 22h.