« This is us », sortie en septembre 2016 sur NBC puis en France en début d’année sur Canal+, en faisait partie. On en avait beaucoup parlé, présentée comme l’une des grosses séries de l’année, et donc mon attente était légitimement forte mais aussi curieuse. Verdict : Magistral ! 

Quatre personnages principaux nés le même jour deviennent l’argument pour nous raconter la vie, les joies et les malheurs d’Américains moyens : Un couple qui s’apprête à avoir des triplés, un acteur de sitcom frustré, une obèse qui peine à perdre du poids et un homme d’affaires noir adopté par des blancs à la recherche de son père biologique. Oui, clairement au départ on flirte avec la caricature qui peut nous faire craindre le pire… mais c’est bien le meilleur qui surgit et dès le premier épisode pilote qui est une pure merveille.

Cette fresque se joue en fait sur trois générations en forme d’album de famille, celui des Pearson et de tous ceux qu’ils ont croisé entre les années 1980 et aujourd’hui. Un mélodrame d’une immense délicatesse, capable de titiller nos glandes lacrymales avec mesure, de mêler une géniale bande originale et une prose subtile, des retournements de situation et beaucoup de cohérence émotionnelle et narrative. Le créateur de This is us, Dan Fogelman, parvient à connecter toutes ses intrigues, à imaginer des personnages entiers, tous attachants. Et pour se faire, il use d’une méthode peu conventionnelle mais qui fonctionne parfaitement : refuser la linéarité temporelle en jonglant constamment dans l’espace temps de cette famille, du passé au présent… hier, aujourd’hui, retour avant-hier… La narration ambitieuse entrecroise ainsi les destinées liées de ces quadras, et change de temporalité avec fluidité.

Cet apparent périlleux choix permet pourtant de nous livrer l’histoire comme on se confie progressivement à un ami. On apprend, on comprend les choses petit à petit. Rien ne nous est jeté à la figure violemment mais plutôt proposé avec tact et douceur. Il y a ainsi une forme d’art de la subtilité dans This is us porté par une mise en scène sobre mais classieuse, un montage au scalpel qui donne une efficacité redoutable, les apports régulier d’une musique et de chansons qui tombent toujours à pic, un jeu d’acteurs quasi parfait et d’égal niveaux pour tout le casting (même les enfants sont remarquables), et un script de haut vol avec des répliques vertigineuses.

Enfin il faut évoquer les thématiques nombreuses et empreintes de simplicité à la fois. Des sujets universels, proches de nous, proches de chacun en fait qui peut ainsi s’y retrouver même si la culture américaine est bien présente mais non éloignante de nos réalités propres. On y parle bien sûr de famille, d’amitié, d’identité, d’addictions, d’intégration, de frustrations, de souffrance, de maladie, de mort, de rédemption, de pardon, de secrets… mais on y parle surtout d’amour ! Et justement, « Il est temps de rappeler que, dans la vie, la clé est l’amour, et non la haine ou la peur » souligne le comédien Ron Cephas Jones, interprète du père qui a abandonné son enfant.

Mais au delà de ces thèmes évoqués, This is us est une histoire de transmission. Transmission de valeurs, d’une Histoire faite d’habitudes, de traditions, de culture, de souffrances, de névroses aussi. Cette série travaille sur la substantielle pâte de l’humain dans ce qu’il a de plus beau mais aussi de plus complexe à la fois. Elle défend ainsi l’idée d’une thérapie systémique cherchant à aborder les gens non seulement au niveau individuel, mais dans une compréhension globale portant sur les interactions de groupes et les caractéristiques du système dans lequel ils vivent.

Pour info, This Is Us, dont la première saison s’est achevée, outre-Atlantique, sur une audience record de 13 millions de téléspectateurs en deuxième partie de soirée, a déjà été reconduite pour les saisons 2 et 3. Et je n’attendrai pas l’été prochain pour la regarder la saison 2…