Sixième long métrage documentaire de Francis Fourcou, Un pont au-dessus de l’océan est une immersion dans l’histoire des langues et des cultures autochtones des natifs américains Osages (Nation indienne de l’Oklahoma) comme celle des Occitans (sud de la France). Se dévoile ainsi une extraordinaire histoire d’amitié et de solidarité née, historiquement parlant, au début du XIXe siècle à Montauban.
Des grandes plaines osages d’Oklahoma aux montagnes d’Occitanie, deux cultures autochtones se parlent et se répondent. Deux femmes nous racontent deux cultures autochtones aux langues menacées. Isabelle l’occitane chez les Osages, Chelsea, l’Osage chez les occitans, parcourant les paysages et l’histoire des plaines d’Amérique et des montagnes d’Occitanie.
Un dialogue entre deux cultures
Francis Fourcou nous propose d’accompagner la poétesse osage Chelsea Tayrien Hicks dans son séjour en Occitanie, venue découvrir les problématiques des cultures locales et, réciproquement, Isabelle François, artiste occitane partie elle en Oklahoma rencontrer les hommes et les femmes qui sont particulièrement impliqués à participer à la renaissance de leur histoire. C’est un dialogue entre deux cultures, résume tout simplement le réalisateur. Des récits émouvants et des personnages authentiques pour les raconter… des paysages d’une beauté étourdissante des deux côtés de l’Atlantique, se répondant d’ailleurs parfois de façon assez étonnante.
Une longue amitié
Il faut préciser que l’amitié méconnue qui lie les deux peuples remonte pourtant à loin… En 1827, six autochtones osages arrivent en Europe afin de demander la protection de la France. Ils y rencontrent notamment le roi Charles X, en plus d’être présentés dans divers théâtres et lieux de divertissement. Deux ans plus tard et après maintes péripéties, alors qu’ils ne sont plus que trois, l’intérêt envers ces visiteurs diminue, précarisant leur situation sur le territoire. L’évêque de Montauban, en Occitanie, vient donc à leur aide, et, grâce à des quêtes organisées auprès de la population locale, finance le retour du contingent autochtone sur le territoire américain. Cette histoire longtemps ignorée a ressurgi il y a environ 35 ans, alors que l’Occitan Jean-Claude Drouilhet a décidé de remettre à l’ordre du jour cette complicité, notamment en fondant l’association Oklahoma-Occitania.
Une semaine tout juste après la sortie de Flowers of the Flower Moon, Un pont au-dessus de l’océan apporte un éclairage riche et passionnant sur l’histoire bouleversante du peuple natif américain Osage.
On y retrouve ainsi Archie Mason, ancien membre du Conseil de la Nation Osage, qui a donné à Martin Scorsese et Leonardo di Caprio de comprendre la culture de son peuple. Rappelons ici que Killers of the Flower Moon est un récit des meurtres dont furent victimes les Osages dans les années 1920, au moment où le pétrole coulait à flot dans la réserve appelée l’Arabie Saoudite de l’Amérique. Des criminels s’associèrent pour séduire, épouser et assassiner des femmes Osages et leurs familles pour récupérer l’argent du pétrole. Cette période de meurtres et d’assassinats doit son nom à une petite fleur inoffensive, la flower moon, qui pousse dans la prairie au début de printemps et disparait très vite, victime de l’ombre des graminées.
Un passé commun et le même enjeu culturel
Mais Un pont au-dessus de l’océan s’élargit grandement à des questions culturelles fondamentales et universelles en mettant en parallèle Nation Osage et Occitanie pour mieux questionner leur position dans chaque pays respectif et leur histoire face à un génocide historique méconnu. Cela passe notamment par la survie des langues, mais aussi leurs transmissions. Francis Fourcou choisi d’ailleurs d’utiliser, pour l’essentiel, occitan et langue osage, sous-titrés en français, apportant ainsi du sens au fond qui y est traité.
Jean-Claude Drouilhet, fondateur de l’association Oklahoma-Occitania voit une enjeu culturel identique pour les osages et les occitans : « survivre, dit-il, tels que nous sommes en étant respectés en tant que tels dans le cadre national ou fédéral auquel nous appartenons. ». Un pont au-dessus de l’océan est ainsi un film militant à la une portée universelle. Un film d’une grande beauté d’âme et d’images à ne pas manquer, s’il passe près de chez vous !…