Schönberg est né en 1874 au milieu de l’effervescence intellectuelle et artistique de la ville de Vienne. Très jeune, il s’est intéressé à de nombreux domaines artistiques, tout en questionnant son identité religieuse. Sa conversion au protestantisme en 1898 montre jusqu’où il a poussé sa recherche en matière spirituelle, ce qui se reflète dans son œuvre artistique, tant musicale que picturale. La montée du nazisme et de l’antisémitisme ramèneront au judaïsme cet homme qui n’a jamais cessé de s’interroger sur le monde qui l’entourait, dans toute sa diversité.
Processus de création
Bien qu’autodidacte, Schönberg devient proche d’un grand chef d’orchestre et de Gustav Mahler, le compositeur mondialement connu. Alors que le jeune musicien (qui deviendra un des pères du dodécaphonisme et de l’atonalité) poursuit son travail, il mène parallèlement non une carrière mais une exploration dans d’autres modes d’expression, comme la poésie et la peinture. Ses premiers tableaux, portraits et autoportraits, montrent comment l’artiste questionne l’identité créatrice au moment où naissent tant de formes différentes de la modernité, dans les premières décennies du XXe siècle. Il a été encouragé dans cette voie par le peintre russe Vassily Kandinsky, séduit par ces inspirations qui semblent se nourrir les unes par les autres.
Recherche spirituelle
Comme c’est l’usage au musée d’art et d’histoire du judaïsme, la question de l’identité juive est particulièrement bien étudiée, d’autant plus passionnante que Schönberg s’est éloigné du judaïsme pour se convertir au protestantisme à 24 ans. Une étonnante Vision du Christ, datée de 1919, illustre cette période, avec un traitement de la figure de Jésus qui sort complètement des représentations traditionnelles. Le Christ est représenté debout, les bras en croix (mais pas sur la croix), le visage légèrement tourné sur le coté et entouré d’une aura démesurée, qui semble se détacher pour se diffuser dans le monde.
Schönberg puisera dans la Bible et particulièrement dans l’Ancien Testament de nombreuses sources d’inspiration, notamment l’échelle de Jacob, traitée à la fois en musique et en peinture. Pourtant, malgré sa conversion, il est ramené à son origine juive dès les années 1920, jusqu’à être exclu pour cette raison de l’académie des arts de Vienne en 1933. La presse autrichienne fait sans cesse le lien entre son judaïsme et son œuvre musicale, qu’elle éreinte régulièrement. C’est probablement une des raisons pour lesquelles il revient officiellement au judaïsme à Paris, dans la synagogue libérale de la rue Copernic, cette même année 1933. Il part ensuite s’installer aux États-Unis, où il tentera de sensibiliser la population au sort des juifs en Europe.
Schönberg a cherché en musique comme en peinture à sortir de l’harmonie classique. Mais lui qui ne se considérait pas comme un vrai peintre est pourtant reconnu comme tel. Ses toiles et dessins sont essentiels pour comprendre son processus créatif, à la poursuite de l’âme, comme le rappelle le titre choisi pour l’exposition. Des rencontres et des concerts sont également prévus au musée pour ceux qui souhaitent aller plus loin dans la connaissance de l’artiste.
Arnold Schönberg, peindre l’âme, jusqu’au 29 janvier au musée d’art et d’histoire du judaïsme, 71 rue du Temple Paris IIIe. Ouvert mardi, jeudi et vendredi de 11h à 18h, mercredi de 11h à 21h, samedi et dimanche de 10h à 19h.