Que deviennent les personnes âgées qui ne peuvent plus travailler pour gagner leur vie, ni vivre seules ? Il revient alors à l’Assistance publique ou à la charité privée de les prendre en charge. C’est ainsi que furent créés au cours du XIX e siècle des établissements pour vieillards auxquels on a donné le nom d’hospices. Il y en eut plusieurs à Bruxelles, mais ce sont cinq, chacun avec ses particularités, qu’étudie Sophie Richelle.
Cette jeune universitaire belge donne ici un livre majeur dans la mesure où elle allie à une histoire traditionnelle des établissements (leur architecture, leur fonctionnement), une histoire sociale concernant les pensionnaires et leur entourage (domestique, médical, administratif), et – le plus neuf – une recherche sur la manière dont les hospices étaient perçus, à la fois objectivement et subjectivement, de l’intérieur par les pensionnaires, et de l’extérieur. Il s’agit là d’une histoire des sensibilités telle qu’Alain Corbin l’a initiée dans ses différents ouvrages. Mais aussi un travail dans la lignée de ceux de Michel Foucault avec cette volonté de donner corps « aux vies oubliées ou dites insignifiantes ». S. Richelle place au centre de cette histoire […]