Le président Macron vient de confier à Benjamin Stora la mission de trouver un terrain d’entente avec l’Algérie pour rapprocher les mémoires antagonistes de la colonisation et de la Guerre. Son partenaire algérien est le Docteur Abdelmadjid Ckikhi, directeur général du Centre national des archives algériennes. Cette mission intervient au moment même où paraît dans la collection Bouquins la réunion de six ouvrages de Benjamin Stora concernant l’histoire récente de l’Algérie.
Le premier récit (p. 3-100) nommé « Les clefs retrouvées » mêle récit personnel et travail historique. Tout comme le livre du rabbin Sirat, il aurait pu s’intituler « Itinéraire d’un enfant juif d’Algérie ». Sirat est né à Bône en 1930, Stora à Constantine en 1950. Tous deux racontent une enfance dans le quartier indigène, séparé de la ville européenne, où juifs et musulmans « vivaient imbriqués les uns dans les autres » et où tous parlaient arabe. La différence est que les juifs sont citoyens français depuis le décret Crémieux de 1870, sauf la parenthèse de Vichy (1940-1943). L’attachement à la France est le même dans les deux familles. Les deux pères ont fait une guerre, celle de 14-18 pour Sirat, celle de 39-45 pour Stora. L’Algérie française est pour eux une évidence.
Les différences vont intervenir avec l’arrivée en France qui ne se fait pas dans les mêmes conditions. Sirat y vient pour ses études. Stora, à cause des violences de la guerre civile, les bombes, les atrocités de part et d’autre. Le départ de 1962 pour sa famille est un exil, un déclassement et un déracinement à tout point de vue, même religieux, puisque dans la France d’alors le judaïsme est majoritairement ashkénaze, différent de la pratique séfarade, ce qui avait aussi […]