Autant vous l’avouer, une certaine interrogation personnelle sur l’intérêt même d’une telle production a été ma première réaction. Il nous est en effet proposé généralement soit une approche mystico-naïve qui n’est pas inintéressante mais qui a du mal à me captiver, soit une histoire totalement décalée par rapport aux textes sensés l’inspirer, et il faut alors espérer que le côté artistique joue au moins en sa faveur. Et puis, ajoutons le genre « péplum » qui n’est pas forcément ma « tasse de thé » et vous comprendrez mes réticences. Mais soit, faisons abstraction de tout ça et allons voir…
Clavius, un puissant tribun militaire romain, et son aide de camp Lucius sont chargés de résoudre le mystère entourant ce qui est arrivé à un Hébreu nommé Yeshua après sa crucifixion. S’ils veulent empêcher une insurrection à Jérusalem, ils doivent à tout prix mettre fin aux rumeurs assurant qu’un Messie est revenu d’entre les morts.
Le pitch est assez simple et à première vue le côté décalé du texte risque d’être au rendez-vous. Mais finalement, juste en partie. Et c’est là la première réussite des deux scénaristes Kevin Reynolds et Paul Aiello. On assiste à une sorte de chassé-croisé entre une approche hors évangile et des ancrages bibliques très textuels. Si la toile de fond du film reste évidemment la résurrection, le cœur de l’histoire bat au travers de celui de Clavius. Un chef de guerre fatigué qui se retrouve à devoir retrouver le corps du crucifié. Un adorateur de Mars loin de croire en un Dieu unique et encore moins aux miracles.
C’est donc son regard qui nous porte avec ses convictions malmenées, ses doutes et son changement. Enquête, infiltration… Pour entrer dans une expérience jusqu’à aboutir à une foi qui naît, la foi de l’athée transformé ! Une histoire hors de l’Histoire mais ancrée dans des histoires, des instants bibliques. On a bien sûr une partie de la crucifixion, on retrouve ensuite Jésus retrouvant les onze dans une maison, la seconde pêche miraculeuse et la restauration de Pierre ou l’ascension finale… Globalement donc, une proximité textuelle assez forte qui réjouira le croyant cinéphile et ne gâchera rien pour les autres car l’histoire est extrêmement bien ficelée. Notons d’ailleurs une jolie réalisation soignée sans excès, sans emphase, privilégiant les personnages dans leurs vérités. Un Jésus sympathique et simple, loin des caricatures habituelles.
Et finalement, le gros point fort est peut-être celui d’aboutir à une vraie appropriation de l’expérience de la résurrection, avec une proclamation finale extrêmement bien vue. Elle risquera inévitablement de déclencher quelques crise urticantes chez certains allergiques à toute approche évangélisatrice, mais elle me semble néanmoins correspondre on ne peut mieux à la façon dont nous est restitué le scénario dans son approche si particulière. Un léger bémol enfin (quand même) sur une certaine emphase que l’on peut éventuellement remarquée : Celle concernant le linceul ou autre suaire (pas encore de Turin) qui peut déranger ou faire sourire. Mais bon, après un film comme celui-là, comment ne pas leurs pardonner.
Une résurrection du Christ qui peut donc provoquer des effets étonnants… même celui, par exemple, de m’avoir réconcilié avec un film biblique !