Mettez-vous dans la situation étrange de Jack Malik. Être le seul sur terre à se souvenir des Beatles et de leurs chansons (et de quelques autres choses… mais chuuuut… no spoil !). Qu’est-ce que vous feriez, surtout si vous êtes musicien ? En proposant une histoire originale, à partir de ce questionnement (déjà expérimenté au cinéma, mais autrement), Yesterday devient un très bel hommage musical amusant, charmant et créatif aux quatre garçons talentueux de Liverpool.

L’acteur Himesh Patel est une incroyable révélation. Il fait de son personnage un homme attachant dans toutes les situations, même dans ses choix parfois contestables. Et sa voix, sans être exceptionnelle, sonne juste pour un chanteur looser qui essaie de rendre justice aux airs emblématiques du groupe mythique de la pop britannique. Il est aussi très drôle, et c’est franchement sa force, comme dans cette scène délicieuse où il essaie de chanter et de jouer Let It Be pour la première fois à ses parents. Mais son numéro le plus étonnant arrive peut-être vers la fin, en donnant de l’épaisseur à son personnage, dans une interprétation version rock star désespérée de Help!

Toute l’équipe autour de Patel méritent aussi des éloges. Lily James offre une performance adorable dans le rôle de cette jeune femme loyale et amoureuse. On citera aussi, bien entendu, Kate McKinnon irrésistible dans son obsession sordide de faire de Jack son « Jackpot ». Et puis, il y a tous les autres, ces personnages secondaires apportant tous leur contribution au succès de l’entreprise comme Meera Syal et Sanjeev Bhaskar dans le rôle des parents de Jack qui le soutiennent, mais qui doutent. Et enfin, Ed Sheeran qui tient parfaitement son propre le rôle !

Curtis & Boyle, un duo à la Lennon – Mc Cartney façon 7ème art ? Peut-être, car au-delà de l’aspect romantique de Yesterday, Richard Curtis aux manettes du scénario, a su se rendre au-delà de nos espérances en de multiples points. Alors bien-sûr, une fois encore son travail d’orfèvre parvient aisément à nous coller des sourires avec cet humour british ravageur et en passant par ce souffle romantique qu’il maitrise au plus haut point, mais il va aussi se servir de son prétexte scénaristique pour poser d’intéressantes interrogations. Par exemple, celle de savoir si des succès passés auraient oui ou non le même retentissement dans notre société actuelle. Apparait alors naturellement aussi celle de l’industrie musicale contemporaine toujours plus prompte à marketer un produit pour le plus grand nombre plutôt que de favoriser la création artistique. Et autour de tout cela, Danny Boyle qui s’amuse à la caméra avec quelques cadres bien choisis en trouvant toujours le parfait dosage de rythme, rappelant qu’il est un fantastique metteur en scène quel que soit le sujet. Signalons enfin le joli travail de Daniel Pemberton à la BO, qui s’empare des mélodies des Beatlesavec brio et fait beaucoup de bien à nos petites oreilles.

Un film qui marche à l’émotion et surtout carbure à l’amour… et on s’en souvient (nous)… Love is all you need… et c’est certainement valable aussi au cinéma.