Pleinement philosophe et pleinement chrétien
Paul Ricoeur est adepte des « Vendredis » du philosophe existentialiste Gabriel Marcel et découvre la revue d’idées Esprit, qui vient d’être créée. Licencié en philosophie à seulement 20 ans, il devient professeur au lycée de Saint-Brieuc et prépare une maîtrise sur le « problème de Dieu ». Il rejoint ensuite Paris pour préparer l’agrégation.
Lors de la Seconde Guerre mondiale, engagé comme officier de réserve, Paul Ricoeur est fait prisonnier par les troupes nazies. Il est déporté en Poméranie orientale. C’est là, à Arnswalde, alors qu’il partage sa chambrée avec sept compagnons intellectuels comme lui, qu’il traduit en secret Ideen d’Hüsserl, philosophe juif banni par le régime nazi.
De retour en France après sa libération, il reprend ses missions d’enseignement, rédige des articles pour la revue Esprit et publie des ouvrages philosophiques. Dans les années 1980, Paul Ricœur est largement reconnu en France, notamment pour son éthique politique. Il inspire le Premier ministre Michel Rocard dans la résolution du dossier de Nouvelle-Calédonie en 1988, témoigne dans l’affaire du sang contaminé, devient médiateur dans le conflit des sans-papiers.
Paul Ricœur se situe à la croisée de trois traditions philosophiques : la philosophie réflexive française, la philosophie dite continentale européenne et la philosophie analytique anglo-saxone. A la confluence de ces trois courants, il publie en 1990 Soi-même comme un autre, l’une de ses œuvres majeures.
Avec pas moins d’une trentaine d’ouvrages publiés, Paul Ricoeur compte parmi les plus grands philosophes français. Il s’est éteint en 2005, à l’âge de 92 ans.