Comment parler de la situation de Bangui sans évoquer ses quartiers dévastés ? C’est une ville abîmée qui nous accueille. La peur est palpable. Les habitants vivent depuis 2013 sous la menace permanente de bandits qui peuvent mettre à sac les écoles, les maisons, les commerces, la vie. Les milices, chacune de leur côté, poursuivent leurs guerres. Le feu a balayé les rues et a laissé dans son sillage des dizaines de milliers de déplacés. Nus, sans rien d’autres que ce qu’ils ont pu, dans la précipitation, emporter. Enfants au dos et bras surchargés, ils survivent le long de l’aéroport, dans les terrains vagues, en tente ou sous des abris de fortune. La misère est poignante, et personne n’y échappe : femmes, enfants, anciens, blessés… tout le monde subit la violence de ce quotidien incertain. C’est dans ce climat que la France a annoncé le retrait de la force Sangaris. Qu’adviendra-t-il de cette trêve fragile ? Les armes que nous ne voyons plus feront-elles à nouveau entendre la plainte des innocents ?

La nuit dépose un voile opaque qu’aucune lumière ne vient troubler. La ville est éteinte. Quelques fantômes la traversent timidement. Mais les ténèbres ne sont pas seulement la privation de lumière, c’est l’état dans lequel on se trouve lorsque plus rien n’appelle à la vie. Au milieu des blindés de l’armée française et des chars blancs de l’ONU se dessine pourtant un espoir. […]