La Centrafrique a été inscrite au programme 2015 – 2018 du Défap. Au titre des priorités, notre institution s’est engagée à accentuer son travail de solidarité avec l’Église protestante du Christ-Roi (EPCR) et l’Église évangélique luthérienne en République centrafricaine (EELRCA) pour favoriser leur témoignage au sein de ce pays qui traverse une crise profonde.

Déclaration de Jean-Arnold de Clermont, président du Défap

« Quel était donc le vrai courage du pape François ? Venir à Bangui en pleine période de troubles intercommunautaires ? Même si d’aucuns, pour n’avoir pas à le protéger, ont beaucoup insisté sur les risques qu’il courait, il semblerait bien que nul n’ait eu l’intention de s’attaquer à lui. Les Casques bleus des Nations unies, appuyés par la force française Sangaris, lui ont assuré un rempart efficace. Le danger principal était-il de se rendre à ma mosquée centrale ? Les militaires postés sur les minarets ont permis que les musulmans du quartier PK 5 puissent enfin sortir de leur isolement contraint en toute sécurité. Était-ce dans le stade dit « des 20 000 places » ? Là, ce sont 2 500 scouts qui ont été mobilisés pour s’assurer que tout aille bien.

Non, son vrai courage a été d’espérer, de croire en l’homme centrafricain, en sa capacité à dépasser les haines d’aujourd’hui pour reconstruire une nation unie.

C’était un courage nécessaire tant il semble faiblir chez ceux-là même qui en faisaient preuve jusque-là. Depuis fin septembre, la population centrafricaine a le sentiment d’être livrée à elle-même. Les forces internationales, après avoir été débordées les 26 et 27 septembre dernier, lors des événements qui ont fait plus de soixante-dix morts, paraissent désormais se désintéresser des milices armées qui continuent à endeuiller villes et campagnes. Les instances politiques ne montrent guère davantage de volonté de sortir de la crise et les élections sont maintenant prévues pour la fin décembre. Quant aux chefs rebelles, ils paradent impunément au milieu des représentants officiels des Nations unies, déclarant leur opposition aux élections et leur souhait d’une nouvelle transition… dont ils tireraient de nouveaux profits, à n’en pas douter.

Le pape François a eu du courage pour redonner un peu d’espérance. Pour que des mots simples comme « nous sommes frères », « pardon », « vivre ensemble » et « aimer » soient à nouveau prononcés. Pour que les jeunes musulmans enfermés dans le « ghetto » du quartier PK 5 sortent pour la première fois depuis des semaines vêtus de t-shirts à l’effigie du pape et viennent rejoindre les chrétiens dans le stade, pour la célébration finale. […]