Bangui retrouve peu à peu le calme après les violences du 1er mai, qui ont fait 24 morts et 170 blessés. Mais on parle de nouveau d’affrontements intercommunautaires entre chrétiens et musulmans, en dépit des efforts de médiation et du travail auprès des victimes accomplis depuis 2015, avec notamment le soutien du Défap et de la Cevaa. Que se passe-t-il dans la capitale centrafricaine ? Décryptage avec Ludovic Fiomona, vice président de l’Église Protestante Christ-Roi de Centrafrique (EPCRC), Église sœur présente à Bangui.

On parle fréquemment à propos de la République centrafricaine de violences intercommunautaires meurtrières ; mais la capitale, Bangui, est généralement épargnée. Jusqu’au 1er mai dernier, lorsqu’une attaque contre l’église Notre-Dame de Fatima a fait 16 morts et 99 blessés, suivie par des affrontements qui ont provoqué 8 morts et 71 blessés de plus. Que s’est-il passé ?

Ludovic Fiomona, vice président de l’EPCRC : Il y avait déjà eu une première alerte au cours du mois précédent, avec des violences autour de PK5, quartier qui représente le poumon économique de la capitale et où se trouve rassemblée la plus grande partie des musulmans habitant encore à Bangui. Le secrétaire général de notre Église, qui habite dans ce secteur, a dû se mettre à l’abri. Il faut dire que depuis les violences de 2013-2014, la plupart des musulmans de la capitale ont fui, étant en minorité dans la ville et s’estimant menacés […]