L’homme d’État et écrivain Léopold Sédar Senghor est mort en Normandie, le 20 décembre 2001. Agrégé de grammaire française et membre de l’Académie française, il a rédigé une dizaine de recueils de poèmes et autant d’essais. Il rencontra Aimé Césaire en 1932, à Paris. Le Sénégalais présenta l’Afrique réelle au Martiniquais, loin des clichés coloniaux, et les deux hommes se lancent ensemble dans l’aventure du mouvement de la « négritude », rappelle La 1ère.

L’étudiant et son « bizut » comme il le surnommait échangent livres et lectures. Leurs réflexions, aussi, tout en « concevant l’avenir ensemble, racontera Aimé Césaire. À travers Senghor, c’était tout un continent que je rencontrais. Une terre dont je n’avais aucune idée, une image très vague, très confuse. C’est lui qui m’a apporté l’Afrique. C’est tout et c’est énorme. » Cette rencontre lui donne le sentiment « d’avoir une clé qui me permettait de comprendre mon pays. Pour comprendre la Martinique, pour comprendre les Antilles, il fallait faire ce détour. Il fallait commencer par l’Afrique ».

Fondateur de la francophonie

En mars 1935, Léopold Sédar Senghor publie le premier numéro de la revue L’Étudiant noir. Un lancement rendu possible grâce à la collaboration avec d’autres étudiants, dont le Guyanais Léon Gontran Damas, les Martiniquais Suzanne Roussi et Gilbert Gratiant, etc. Le mouvement de la « négritude » est lancé. Une fois leurs études terminées, Senghor et Césaire se retrouveront maintes et maintes fois.

À l’Assemblée nationale, par exemple, où le premier devient député du Sénégal, avant l’indépendance du pays, et le second celui de la Martinique. Ils participeront également ensemble aux Congrès des écrivains et artistes noirs, à Paris en 1956, puis à Rome en 1959. Puis, en 1966, Aimé Césaire répondra présent à l’invitation de son ami devenu président du Sénégal indépendant, dans le cadre du premier Festival des arts nègres à Dakar. En 1976, ce sera au tour de Léopold Sédar Senghor de s’envoler pour la Martinique, pour une visite officielle aux côtés d’Aimé Césaire, député-maire de Fort-de-France, rappelle La 1ère. Mais c’est en solo, en 1962, que le Sénégalais rédige “Le Français, langue de culture”, l’article fondateur de la Francophonie, publié dans la revue Esprit.