Il doit faire ses valises. La junte malienne a décidé d’expulser l’ambassadeur français au Mali, a annoncé la télévision d’État le lundi 31 janvier. “Le gouvernement de la République du Mali informe l’opinion nationale et internationale que ce jour (…) l’ambassadeur de France à Bamako, son excellence Joël Meyer, a été convoqué par le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale [et] qu’il lui a été notifié la décision du gouvernement qui l’invite à quitter le territoire national dans un délai de 72 heures”, ont précisé les autorités maliennes dans un communiqué, cité par France Info.
Cette décision intervient au moment où les relations entre Paris et Bamako sont tendues. Le pouvoir malien a justifié cette décision par les récentes déclarations hostiles, dit-il, de responsables français à son encontre. Le 28 janvier, Jean-Yves Le Drian, le ministre français des Affaires étrangères déclarait : “Il est clair que la situation en l’état ne peut pas perdurer”, ajoutant que les autorités de transition au Mali étaient “illégitimes” et dénonçant leur “fuite en avant”. L’expulsion de l’ambassadeur de France au Mali marque un nouveau durcissement des tensions entre les deux pays, qui se sont accentuées depuis que les colonels ont pris le pouvoir par la force en août 2020.
La France a pris note
Pour Nicolas Normand, ancien ambassadeur au Mali, interrogé le 1er février par France Info, c’était “assez prévisible”. Selon lui, c’est “l’aboutissement logique de cette guéguerre médiatique, de cet échange de propos désobligeants entre les ministres, entre les autorités françaises et maliennes.” “C’est une mesure forte mais symbolique. En fait, le communiqué du Mali précise bien qu’il préserve les relations diplomatiques, les relations de coopération avec notamment la France. C’est explicite”, ajoute le diplomate.
De son côté, la France “prend note” de l’expulsion de son ambassadeur au Mali, a déclaré lundi le ministère français des Affaires étrangères. L’état français a rappelé sa solidarité à l’égard de ses partenaires européens et son engagement à poursuivre la lutte antiterroriste. “En réaction, la France a décidé de rappeler son ambassadeur”, a précisé le Quai d’Orsay. Une réaction qui semble mesurée. D’après Nicolas Normand, “la décision malienne est assez mesurée aussi, malgré bien des apparences, parce que l’intérêt bien compris des deux pays, c’est de s’entendre pour la lutte antiterroriste et pour que le dispositif Barkhane puisse continuer de fonctionner.”