Commençons par la bible. Attention, pas le Livre, non, mais la bible des passionnés de chanson. Ah oui, bien entendu, la chose est connue, quand il s’agit de ritournelles, on doit prendre un air détaché, prétendre que, « non vraiment, ce n’est pas notre genre… » Mais il suffit de taper l’introduction de « Pour un flirt » au piano, de glisser sur la platine le disco d’ « Alexandrie Alexandra » pour que la duchesse de Guermantes, oublieuse des usages de son faubourg, aussitôt frappe dans ses mains.

A la lecture de ce préambule, certains s’étonneront peut-être que l’on promeuve le divertissement plutôt que l’esprit de sérieux. Qu’ils ne boudent pas la notion de plaisir et se laissent guider…

Moins douloureuse évidemment, passionnante cependant, l’analyse que Denis Crouzet propose de Michelet : « Le XVIème siècle est un héros »
Tout cela, c’est bien joli, mais les lecteurs sourcilleux que vous êtes allez ronchonner quelque peu : « le protestantisme en tant que tel ne pourrait-il trouver place dans cette chronique, puisqu’il s’agit de cadeaux de Noël? » En suivant le chemin des écoliers, nous avons trouvé ce qu’il vous faut.
Deux des musiciennes qui constituent le trio George Sand sont protestantes : Anne-Lise Gastaldi, pianiste, et Virginie Buscail, violoniste. En compagnie de la violoncelliste Diana Ligeti- mais aussi de Jennifer Tani er Violaine Despeyroux), ces artistes ont réalisé l’un des plus beaux disques de l’année, « Mahler intime » (label Elstir).
Et puisqu’il est impossible de vivre sans Bach, il nous apparaît fondamental que vous offriez l’intégralité du « Clavier bien tempéré » par Jérôme Granjon (label Anima). «J’ai toujours aimé jouer cette œuvre, explique ce pianiste. Pour en profiter pleinement, je me suis lancé dans le projet un peu fou d’enregistrer en une journée les deux livres, plus de quatre heures de musique, un très beau voyage, d’une incroyable variété. » Héritier d’une lignée de pasteurs du côté de sa mère, Jétôme Granjon s’avoue marqué par la culture protestante. « On dit qu’il existe une rigueur protestante, admet-il en souriant. C’est un peu vrai. Mais si je me sens rigoureux, je ne verse pas dans la rigidité ; parfois même, je prends le contrepied de ce tempérament. Je me garderai donc de me ranger dans une catégorie. Disons que le fait de m’être plongé dans les partitions de Bach est évidemment lié à mon parcours personnel et familial. » En tout état de cause, l’interprétation de Jérôme Granjon mérite d’être classée parmi les références. Elle ne doit pas vous échapper.
