Par 62 voix pour, 55 oppositions et 2 abstentions, la Knesset a tranché: Israël est avant tout un État juif. Les parlementaires ont ainsi adopté comme quinzième loi fondamentale un texte affirmant qu’«Israël est l’État-nation du peuple juif dans lequel il réalise son droit naturel, culturel, historique et religieux à l’autodétermination», sans un mot sur ce à quoi auraient droit d’autres communautés. Le document énumère les symboles de l’État, soit l’hymne, le drapeau, le chandelier à sept branches, mais aussi le calendrier hébraïque et les fêtes juives. Le texte enterre plus profondément encore l’idée d’un partage de Jérusalem avec les Palestiniens en affirmant que la ville est capitale d’Israël, «entière et unie». Il encourage la construction et le développement de colonies en Cisjordanie en affirmant qu’il s’agit d’une «valeur nationale». Il affirme aussi qu’Israël s’investira dans ses relations avec le monde juif à l’étranger sans un mot sur la manière dont l’État devrait préserver l’héritage des juifs en Israël. Enfin, il annonce que l’idiome national est l’hébreu. Exit l’arabe, qui avait auparavant ce statut et se transforme en « langue spéciale ».

En somme, de quoi faire trembler la minorité non-juive du pays: les Arabes israéliens, qui représentent 17,5% des citoyens du pays et qui ont crié jeudi à l’apartheid, soutenus par la gauche et les Israéliens qui ne se reconnaissent pas dans ce tournant religieux dont Shuki Friedmann, directeur du centre Religion, nation et État à l’Institut pour la démocratie en Israël, explique les enjeux. […]